Déclaration très mesurée des chefs de missions diplomatiques au Burundi
Les chefs de missions diplomatiques accrédités au Burundi ont sorti un communiqué ce mercredi 27 mai 2020. Ils prennent acte des résultats provisoires des élections présidentielles et législatives proclamés par la Ceni ce lundi. Ces diplomates demandent aux acteurs nationaux d’éviter toute violence.
Au moment où le CNL d’Agathon Rwasa, principal challenger du parti au pouvoir, le Cndd-Fdd conteste ces résultats parle de fraude électorale, ces chefs de missions diplomatiques accrédités au Burundi, «encouragent tous les acteurs du processus électoral à préserver un climat pacifique ».
Ils reprennent à leur compte l’appel de la Commission de l’Union africaine et du Secrétariat des Nations Unies qui demande à tous les acteurs politiques de s’abstenir de tout acte de violence et de privilégier la concertation dans un traitement des différends électoraux.
Ces chefs de missions diplomatiques mettent en avant l’intérêt collectif et «exhortent tous les acteurs nationaux à faire preuve de responsabilité et à résoudre les différends pouvant résulter du processus électoral à travers les procédures légales existantes ».
Ils réitèrent leur volonté d’accompagner le peuple burundais dans son progrès vers la stabilité, la démocratie et la justice, en alignement avec les Objectifs du développement Durable.
Interrogés, quelques politiques proches du pouvoir ont salué ce communiqué, mais sans beaucoup d’enthousiasme. Le texte reste en effet très réservé.
Du côté de l’opposition, c’est un autre son de cloche, on note une certaine déception. « C’est un communiqué très « soft », nous aurions préféré une déclaration plus forte par rapport aux plaintes exprimées par le CNL notamment», a réagi sous anonymat un membre de l’opposition.
Un expert en relations internationales interrogé par Iwacu fait remarquer que « c’est un texte de compromis entre des pays aux conceptions diplomatiques parfois assez divergentes.» Pour lui « l’appel vient d’une large palette de diplomates africains, américains, chinois et européens. Difficile de faire plus avec un groupe comme ça. Dans ce contexte c’est déjà beaucoup».
L’expert attire l’attention sur le fait qu’en diplomatie « la pertinence d’un élément est rendue par son absence ». Il explique qu’il faut lire entre les lignes : «Vous remarquerez par exemple que nulle part le vainqueur n’est félicité, mais plutôt le peuple burundais et les diplomates insistent sur une résolution pacifique des différends électoraux. » En diplomatie, cela dit beaucoup, dit l’expert.
Ce groupe des chefs de Missions diplomatiques accrédités au Burundi est composé des Ambassadeurs d’Afrique du Sud, d’Allemagne, de Belgique, du Canada, de Chine, d’Egypte, de France, du Japon, du Kenya, du Nigeria, de l’Ouganda, des Pays-Bas, du Royaume-Uni, de Suisse, de la République unie de Tanzanie, de Turquie, de l’Union Européenne, des Chargés d’Affaires des Etats-Unis, de la République Démocratique du Congo, du Secrétaire Exécutif de la Conférence internationale sur la Région des Grands Lacs et du Résident Coordonnateur des Nations Unies.