mai
18
2018

Des cadres de l’UDPS accusés de complicité avec la milice Kamuina Nsapu

Maître Evariste Kalala Kwete, un des cadres de l’UDPS, a été arrêté par des hommes en armes dans la nuit du 8 au 9 mai à son domicile de Kinshasa. Comme d’autres membres de ce parti d’opposition, il est accusé d’être lié aux milices «Kamuina Nsapu ». Le président du parti, Félix Tshisekedi, dénonce une «manipulation » des services congolais.

Dans la nuit du 8 au 9 mai, des hommes armés ont débarqué dans la commune de Matete, à Kinshasa. Sans explication, ils ont extirpé les habitants d’une maison située au 531 avenue Lumière. Puis, ils ont amené le fils : Evariste Kalala Kwete, un avocat de 35 ans, cadre de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS). Depuis, ses proches n’ont plus pu le voir.

Dans un communiqué, l’UDPS a dénoncé l’« enlèvement » et la « détention arbitraire » de cet homme qui faisait partie du collectif d’avocats du parti et a été nommé secrétaire national adjoint aux droits humains. Le communiqué pointe aussi « l’enlèvement » de deux autres membres du parti à Kinshasa : Jacques Ntumba le 16 avril et Paul Sokomay (parfois orthographié Sobolay) le 19 décembre 2016.

« Réseau terroriste »

Contactée par Jeune Afrique, une source à l’Agence nationale de renseignement (ANR) confirme l’arrestation de ces trois hommes et assure qu’ils sont détenus par la direction des renseignements généraux de la police nationale. Selon cette source, les trois hommes seraient « impliqués de manière avérée dans le réseau terroriste Kamuina Nsapu », qui aurait « mené des attaques en série à Kinshasa l’année dernière, notamment  à la prison de Makala et au marché central ».

Les milices dites « Kamuina Nsapu », sont nées dans la province du Kasaï-central, suite à un conflit entre un chef coutumier, Jean-Pierre Pandi, et les autorités congolaises. Elles se sont répandues après la mort de Pandi, tué dans une intervention de police en août 2016. Ses membres, convaincus de disposer de pouvoirs mystiques, ont commis de nombreuses exactions et ont été visés par une répression « disproportionnée » des autorités selon l’ONU. Ce conflit a provoqué le déplacement de plus de 900 000 personnes selon le Haut-commissariat aux réfugiés des Nations unies.

Ces dernières arrestations surviennent alors que se tient, à la prison militaire de Ndolo, le procès de plusieurs individus accusés d’avoir assassiné l’administratrice du marché central de Kinshasa, Chantaln Mboyo. Selon notre source à l’ANR, 36 personnes sont détenues dans cette prison en lien avec des attaques attribuées au « réseau » Kamuina Nsapu à Kinshasa, parmi lesquelles 30 seraient des membres revendiqués de l’UDPS.

Pour le président de l’UDPS, Félix Tshisekedi, cette affaire est une «manipulation des services », visant à assimiler les militants de son parti à ces miliciens.

« Je connais très bien Evariste Kalala Kwete. C’est un jeune intellectuel, brillant et talentueux, que j’étais en train de faire émerger au sein du parti. C’est pour cela qu’on s’en prend à lui, affirme-t-il à Jeune Afrique. Je peux affirmer qu’il ne partageait aucune des croyances mystiques de ces groupes ».

Selon Félix Tshisekedi, les services congolais se servent des origines géographiques commune des Kamuina Nsapu et de nombreux militants de l’UDPS – l’ex-province du Kasaï-occidental – pour faire croire à leur collusion.

S’il ne nie pas que « certains jeunes désespérés » originaires de cette région aient pu être séduits par le discours et les croyances des miliciens, il affirme tout faire pour les empêcher de les rejoindre. « Les services disposent d’agents doubles, qui se font passer pour des chefs de miliciens et tentent de recruter des militants de l’UDPS pour nous discréditer », accuse-t-il.

jeuneafrique.com

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