fév
27
2021

Des commissionnaires pour les morts!

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Une des morgues des hôpitaux publics.

Pour avoir une chambre froide dans les morgues des hôpitaux publics à Bujumbura, une pompe funèbre est imposée aux familles. Les agents des morgues seraient impliqués dans cette affaire.

Il est 8h15 au Centre hospitalo-universitaire de Kamenge dit Hôpital Roi Khaled. Deux corbillards sont garés devant la morgue. A l’intérieur, des mélodies douces se font entendre. Ce sont des chants de requiem. Les visages sombres, les membres de la famille des défunts sont là autour de la morgue. Ils entrent un à un pour un dernier adieu aux leurs.

Approché, un des membres de la famille d’un des défunts nous confie sans trop de détails que pour pouvoir mettre le leur dans la chambre froide, une pompe funèbre leur a été imposée par les agents de la morgue. Une confirmation que l’histoire des commissionnaires pour les morgues est réelle.

Idem pour une autre famille victime. Leur proche est décédé à 3 heures du matin à l’Hôpital Roi Khaled, Centre hospitalo-universitaire de Kamenge. Le gestionnaire de la morgue de cette structure médicale leur a signifié que “c’est plein.” Le préposé à la morgue leur a filé un numéro d’une personne pour les aider à trouver une chambre froide. « Cette personne est vite arrivée et nous a conduit vers l’Hôpital Prince Régent Charles. Et enfin, notre défunt a eu une place à la morgue. La personne nous a ensuite proposé la pompe funèbre  “Fleurs naturelles du Burundi” , indique un membre de cette famille.

Depuis ce week-end, un message audio circule sur les réseaux sociaux surtout WhatsApp. « Une famille qui a perdu un proche cherche désespérément une place dans une morgue. Cette famille réalise que pour avoir une chambre froide, une pompe funèbre lui est imposée », peut-on entendre. Des agents des morgues des hôpitaux publics seraient derrière cette affaire.

Le message audio est également tombé dans les oreilles du ministre de la Santé publique et de son collègue en charge de l’Education nationale. Ce lundi, tous les concernés dans cette affaire ont été conviés à une rencontre avec ces deux ministres.

Il y a eu des interrogatoires à l’égard du plaignant et des employés des morgues. Selon un procès-verbal de cette réunion, la victime et les gestionnaires des morgues ont été entendus, d’une part, et les gestionnaires des morgues et le gestionnaire de la pompe funèbre « Fleurs naturelles », d’une autre part.

Cette maison était en contact avec les employés des morgues de l’Hôpital militaire de Kamenge, du Centre hospitalo-universitaire de Kamenge et de l’Hôpital Prince Régent Charles.

D’après ce PV, des décisions ont été prises. L’affaire a été transférée au commissariat de la Police judiciaire pour une enquête approfondie. Selon ce PV, des sanctions administratives sont prises à l’endroit des employés des morgues des trois hôpitaux en attendant les conclusions de l’enquête.

La pompe funèbre « Fleurs naturelles du Burundi » est toujours fonctionnelle mais son propriétaire est détenu par la police.

https://www.iwacu-burundi.org/des-commissionnaires-pour-les-morts/

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