sep
17
2018

Des miliciens maï maï nus sont entrés dimanche à Butembo

Plusieurs correspondants nous ont envoyé dimanche des photos et une video de l’entrée, dimanche matin, le 16 septembre, de Maï Maï nus dans la ville de Butembo, au Nord-Kivu.

Les Maï Maï sont des groupes armés locaux. Ils sont apparus lors des rébellions des années 60 à l’est du Congo et tirent leur nom de leur croyance dans les pratiques magiques d’un guérisseur qui, grâce à une potion et une cérémonie d’initiation, les rend invincibles: les balles tirées contre eux se transforment en eau (« maï » en swahili comme en lingala) – sauf s’ils n’ont pas respecté une série d’interdits.

Laurent Kabila

Ils avaient réapparu en 1996, lors de la dislocation du pouvoir mobutiste, et s’étaient alors fait connaître du monde entier lorsque des agences de presse diffusèrent leurs photos, complètement nus à l’exception de chaussures, grigris, parures de feuilles – et d’une arme. Il s’agissait de villageois regroupés en troupes de guerriers pour repousser – en vain, on le sait – l’invasion militaire rwando-ougandaise qui portera au pouvoir Laurent Kabila (1997-2001). Ironie de l’histoire: ce dernier, dans les années 60, participait aux rébellions.

Lorsque ce dernier se retourne contre ses alliés rwandais et ougandais, en 1998, il recrute des Maï Maï à son service et leur fournit des armes modernes. Mais ils continuent à fonctionner selon leur mode traditionnel: par petits groupes liés personnellement à un chef, recrutant des enfants et établissant des alliances ponctuelles avec d’autres groupes pour une attaque – mais sans stratégie générale coordonnée.

Laurent Kabila a aussi créé des groupes Maï Maï dans son Nord-Katanga natal (sous le nom de « Forces d’auto-défense populaires ») où, lorsqu’il a cessé de les payer, ils sont devenus les groupes armés qui ont terrorisé le « triangle de la mort » jusqu’il y a peu.

Grand banditisme

Petit à petit, les groupes Maï Maï ont versé dans le grand banditisme, même s’ils gardent souvent des revendications politiques, et ont perdu l’habitude de rester nus. La nudité qu’ils pratiquent tend à montrer qu’ils ont confiance dans la potion de leur féticheur. La réapparition de Maï Maï nus à Butembo ne peut manquer de frapper les imaginations, alors que la région est à nouveau plongée dans la violence depuis 2014.

afrique.lalibre.be

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