juin
15
2017

Des sympathisants de Rwasa toujours traqués

Quatre sont incarcérés à l’API et au SNR depuis fin mai. Aimé Magera, porte-parole d’Agathon Rwasa, accuse le député Adolphe Banyikwa d’être derrière cette traque. L’intéressé s’en lave les mains.

Les faits remontent à mercredi 31 mai 2017 vers 18 heures sur la colline Gakungwe de la commune Kabezi en province Bujumbura. Alexis Nshimirimana et Siméon Nkurunziza, tous démobilisés du Fnl causent tranquillement chez M. Nshimirimana.

Tout à coup, une camionnette blanche de type Hilux bondée de policiers et un agent du Service national du renseignement de Kabezi fait irruption.

« L’agent du SNR les a accusés d’avoir tenue une réunion clandestine avec l’honorable Agathon Rwasa, dans la matinée, mais ils ont nié cette accusation », confie une parenté de Siméon Nkurunziza. Il a ajouté, laisse entendre notre source, qu’Agathon Rwasa s’était déplacé sur place déguisé et à bord d’une voiture Probox. « Les intéressés ont également nié ces accusations mais ont tout de même été embarqués de force. »

D’après leurs proches, les deux démobilisés sont conduits dans un premier temps au cachot de la commune Kanyosha puis dans les cachots du SNR dans la ville de Bujumbura tard dans la nuit.

Ce lundi 5 juin 2017, deux autres proches d’Agathon Rwasa ont été incarcérés. Le premier est Jean-Claude Ngendakumana, un policier de la garde rapprochée d’Agathon Rwasa. Selon ses proches, il est incarcéré à l’API (Appui à la Protection des Institutions) et n’est autorisé ni à boire ni à manger et n’a droit à aucune visite. Le second est Alexis Buhungu, un mobilisateur du Fnl, habitant la localité de Kirekura en commune Mutimbuzi.

Des arrestations qui cachent un plan diabolique ?

Selon ses parentés, il a été enlevé par un groupe de jeunes affiliés au parti Cndd-fdd, accompagnés par des policiers. « Nous ignorons où il est détenu et les mobiles de son arrestation », indique sa sœur au bord des larmes.

Pour Aimé Magera, porte-parole d’Agathon Rwasa, il ne fait aucun doute qu’Adolphe Banyikwa, ancien secrétaire général du parti Fnl et proche d’Agathon Rwasa, soit derrière ces arrestations. « Il était sur place à Kabezi comme à Mutimbuzi. Son but est de traquer tous les membres influents de notre parti qui ont refusé de trahir l’honorable Rwasa. »

Et d’expliquer que ces arrestations rentrent dans le cadre d’un plan diabolique en trois phases, visant l’élimination politique voire physique d’Agathon Rwasa : « La première phase était de le tuer tout simplement depuis février 2017. Ils s’étaient fixés le 20 avril 2017. Mais cela a échoué.» La seconde phase, fait savoir M. Magera, est d’emprisonner Agathon Rwasa à partir des montages de rébellion à sa solde et la dernière serait de le contraindre à l’exil. Et d’accuser Adolphe Banyikwa d’être l’intermédiaire pour faciliter l’exécution de ce plan. « C’est pour cela qu’il sillonne des collines à la recherche de ceux qui peuvent accepter de le rejoindre dans son plan ignoble. Ceux qui refusent sont emprisonnés voire tués.»

« Je n’ai rien à voir avec ces arrestations… »

 

Adolphe Banyikwa : « Il est en Belgique et tout ce qu’il trouve pour se donner de l’importance c’est de citer mon nom à tout bout de champ. »

Contacté le député Adolphe Banyikwa balaie ces accusations du revers de la main : « Je n’ai rien à voir avec ces arrestations et je mets au défi quiconque de prouver que j’étais sur place lors des faits. » Bien plus, s’indigne-t-il, il n’a aucun intérêt à faire arrêter des proches de Rwasa car il ne les connaît pas. « Pour quel intérêt ferais-je cela ? Je n’en ai ni les moyens ni la volonté. »  Pour lui, c’est la haine de Magera à son encontre qui pousse le premier à proférer des mensonges et à salir son nom : « Il est basé en Belgique et tout ce qu’il a pour se donner de l’importance, c’est de citer mon nom à tout bout de champ. » Et d’appeler les Banamarimwe (militants Fnl) d’ouvrir les yeux et d’arrêter de suivre des idées mensongères véhiculées par Aimé Magera. Quant à l’accusation d’être la pièce maîtresse dans un plan d’élimination de Rwasa, M.Banyikwa lâche : « Ce n’est qu’un pur mensonge et un signe de plus que certaines gens ne digèrent pas que chacun puisse suivre son chemin. »

Au niveau de la police nationale, Pierre Nkurikiye, son porte-parole, avait, dans un premier temps, accepté de nous donner des éclaircissements sur ces arrestations. Mais, par la suite, nous l’avons contacté sans succès. Et au moment où nous mettons sous presse, nous apprenons que Siméon Nkurunziza vient d’être libéré du SNR.

iwacu-burundi.org

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