’’Dimondi’’ Toyi, bye
Il n’est plus de ce monde. A l’heure qu’il est, Edmond Toyi, journaliste dans l’âme et même dans les moments difficiles de notre histoire mouvementée, doit être aux portes du paradis en train de toquer avec sa formule unique : « Ndabahaye ’’gakeye’’ », entendez par là ’’bonjour’’, tout simplement. D’habitude la formule consacrée c’est : « Ndabahaye bwakeye »
Mais ce journaliste bénévole, devenu une star dans sa retraite sur les ondes de la radio Bonesha FM, avait sa façon à lui de le dire, qui forçait l’admiration, l’écoute.
Pourtant, il ne venait pas avec de nouvelles informations, non. Edmond Toyi, animait une revue de la presse matinale avec des informations glanées ici et là.
Il les reformulait pour en donner la substantifique moelle. Mais c’est surtout, la conclusion qui était la plus attendue puisque son tour d’horizon de l’actualité se terminait par une blague. Des rires étouffés, tout le monde finissait par s’esclaffer.
Mais tout cela, c’est le résultat final : l’Edmond Toyi que le citoyen lambda entendait dans son poste récepteur ou sur son téléphone. Personne ne soupçonnait tout le travail derrière.
Ponctuel, malgré sa jambe gauche ou droite qui ne s’accordait pas parfaitement sur le sens de la marche avec son homologue, Edmond Toyi arrivait au moins une demie heure avent l’antenne avec ses feuillets déjà écrits.
Mais il continuait toujours à corriger, à souligner avec son stylo, à reformuler et à faire une mise en bouche. Il répétait son texte dans un coin du studio B, d’où son élocution irréprochable.
Sauvé par sa voix
Un jour il m’a confié qu’il ne comprenait pas comment un journaliste pouvait débarquer à cinq minutes de son journal et entrer dans la cabine technique derrière la baie vitrée et commencer à parler sans une préparation préalable.
« Je ne sais si ce que je fais est digne de ’’Old School’’, comme certains journalistes me le reprochent mais toutes les écoles recommandent une mise en bouche avant tout journal parlé ». Sans le savoir Edmond Toyi a fait des émules.
Il y a des journalistes qui ont essayé de l’imiter. Les quelques minutes passées à la radio étaient chaleureuses et on ne se rendait pas compte que les auditeurs se régalaient à l’écouter.
Un jour, il s’est présenté tout haletant à la radio, il nous a révélé qu’il s’était fait attaquer par des bandits au niveau de l’avenue Mao. Ces malfrats l’ont brutalisé et dépouillé du peu d’argent qu’il avait sur lui et son téléphone.
Des coups de pied et de poing fusaient de partout mais il continuait à les supplier de le laisser partir. Soudain l’un de ces bandits a demandé aux autres d’arrêter. La voix du supplicié lui était familière.
Ces malfrats lui ont vite demandé de décliner son identité. Il leur a dit qu’il s’appelait Edmond Toyi et qu’il se rendait à Bonesha pour une émission. A ces mots, ils sont devenus confus, lui ont remis son téléphone et son argent avec en bonus, des excuses. « Franchement, on ne savait pas que c’était toi, il fallait le dire avant. Pardon pour ces désagréments ».