Discours d’intimidation, ennemie de la cohésion sociale
Dans une société meurtrie par des conflits cycliques du passé, les discours d’intimidation envers des catégories de personnes réveillent les vieux démons. Le socio-anthropologue Vital Nzambimana prône une communication non-violente.
Être victime d’intimidation est une expérience horrible à vivre. C’est effrayant et peut causer des dommages physiques, des traumatismes émotionnels et des cicatrices mentales qui peuvent durer le reste de la vie d’une personne. « Les conséquences sont fâcheuses. Celui qui est intimidé se sent attaqué, menacé, contraint, abandonné, déconsidéré, dévalorisé, maltraité et exploité, négligé et rejeté, piégé et trahi », explique le socio-anthropologue Vital Nzambimana,
Pour lui, la communication en général est un outil régulateur des relations interpersonnelles. Elle possède une double facette. D’une part, la communication unit, d’autre part, elle peut détruire. Et de citer le célèbre psychologue Marshall B. Rosenberg, dans son livre Introduction à la communication non-violente : « Les mots qui sont des fenêtres construisent, consolent, soutiennent, encouragent, donnent de la reconnaissance et de l’appréciation. Tandis que les mots qui sont des murs sont des mots qui diabolisent, détruisent, déshumanisent, rabaissent, excluent et insultent.»
D’après M. Nzambimana, les discours d’intimidation sont caractérisés par des menaces et des actes violents. Ils sont discriminatoires, vexatoires, déshumanisants, donc des discours allant dans le sens du négativisme social. Cette intimidation, dit-il, n’est jamais acceptable. Elle influe plutôt sur le comportement de l’intimidé et le prédispose à être un intimidateur à son tour. « Un tyran ne le devient jamais juste pour le plaisir de blesser les autres. Souvent, l’intimidateur lui-même a subi un traumatisme qui a conduit à son comportement violent ».
Prévenir la violence
Vital Nzambimana prône la tenue des discours rassembleurs et appelle à s’abstenir de tout acte et attitude violents pour bâtir une société juste et prospère. Il s’appuie sur la métaphore utilisée par Marshall Rosenberg dans la communication non-violente. Il y a la girafe qui désigne une personne qui maîtrise la communication non-violente tandis que le chacal symbolise la violence ordinaire présente dans les situations de communication. « L’apprentissage de la communication non-violente consiste donc à passer d’une communication “chacal” à une communication ‘’girafe’’ ».
Il invite les pouvoirs publics à introduire dans le système éducatif un module de formation sur la communication non-violente à l’image du cours d’éducation à la citoyenneté et formation patriotique. Il importe, insiste-il, d’organiser des clubs et faire des sensibilisations par tous les moyens de communication, notamment dans les médias. « Il faut que les gens sachent faire preuve de retenue pour garantir l’harmonie sociale, la compassion, l’empathie, la relation bienveillante et le respect mutuel. C’est le tremplin d’une société juste et prospère», conclut-il.
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