Editorial : Guerre des nerfs
La guerre « froide » risque-t-elle de devenir « chaude » ? La question hante obstinément l’opinion qui craint une guerre ouverte entre le Burundi et le Rwanda, deux pays voisins.
Depuis la crise burundaise de 2015, une brouille s’observe entre les deux « faux jumeaux », les relations sont de plus en plus tendues. Des accusations mutuelles de déstabilisation, des officiels qui se lancent des fléchettes, … Bref, des faits et gestes aux allures provocatrices, etc.
Les médias s’en emparent et les réseaux sociaux s’enflamment. Les titres sont alarmants et font craindre le pire : «Rien ne va plus entre Kigali et Bujumbura ; Tensions avec le Rwanda : Bujumbura pris la main dans le sac ; Embrasement, … »
Le rapport du groupe d’experts de l’ONU sur la RD Congo qui implique Bujumbura dans l’approvisionnement en armes d’un groupe rebelle rwandais qui opérerait à partir du Sud-Kivu envenime la situation.
La déclaration du gouvernement du Burundi de ce 8 janvier 2019 consécutive aux réactions sur les échanges des correspondances entre les présidents du Burundi et de l’Ouganda semble rentrer dans la même logique.
«La question de l’agression du Rwanda contre le Burundi doit être prise au sérieux par la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est en vertu du principe sacro-saint du bon voisinage tel que consacré par le Traité de l’EAC». Pour Bujumbura, la sous-estimation de cette agression n’est pas de nature à favoriser une bonne intégration régionale.
Apparemment, la « grande alliance » qui a caractérisé les ’’deux pays amis’’ durant la prise du pouvoir du ’’parti de l’aigle’ appartient à l’histoire. Souci de sécurité, affrontement entre deux modes d’organisation sociale, d’Etat ? – Chacun semble convaincu que son système est le meilleur – Des enjeux politiques ? Des enjeux économiques ? Tous ces aspects sont mêlés ?
Mais qu’en est-il de nos populations? Elles craignent le risque d’une guerre ouverte. Ce n’est pas la première fois que pareilles tensions dérangent les deux pays. Par le passé, on a assisté aux confrontations verbales Kayibanda Vs Micombero et celles de Habyalimana avec son homologue Bagaza. La solution est toujours venue par voie diplomatique.
Que nos leaders empruntent le même chemin. La guerre pourrait n’avoir pas lieu dans l’intérêt des deux pays et de toute la région ! C’est également usant cette méfiance, cette guerre des nerfs, cette guerre larvée qui ne dit pas son nom.