juin
16
2015

Exclusif. Fatou Bensouda, Procureure de la Cour Pénale Internationale (CPI) : « Si la violence persiste au Burundi, je pourrais ouvrir un examen préliminaire »

« Je m’adresse à tous ceux qui pourraient commettre des crimes graves. Ne commettez pas et n’incitez personne à commettre des violences. N’ordonnez et ne sollicitez aucune violence. N’encouragez personne à commettre des violences. Ne contribuez pas à de tels actes. Celui qui commet des crimes court le risque d’être traduit en justice et d’être condamné à une peine maximale de 30 ans de prison, ou même à la prison à vie. Si ce message n’est pas entendu et que la violence persiste, je pourrais décider d’ouvrir un examen préliminaire ». Un mois après ces premières déclarations du 8 mai dernier, la Procureure de la Cour Pénale Internationale, Fatou Bensouda, accroit la pression sur ceux qui se rendraient responsables de crimes graves au Burundi.

 

Dans cette interview exclusive accordée à l’agence Infos Grands Lacs (IGL), la Procureure de la CPI assure surveiller « la situation de très près ». Elle rappelle que « les dirigeants politiques doivent s’assurer que leurs partisans ne commettent aucune violence, avant, pendant et après les élections. Si des crimes sont perpétrés, l’État [burundais] doit alors enquêter à ce sujet et en poursuivre les responsables. À défaut, la CPI pourra intervenir. Les Burundais peuvent et doivent empêcher les violences électorales ».  

 

La candidature du président sortant Pierre Nkurunziza à un troisième mandat a déclenché le 26 avril un mouvement de contestation émaillé de violences qui ont fait une quarantaine de morts et poussé plus de 100.000 Burundais à fuir vers les pays voisins, dont des dizaines de journalistes et opposants politiques menacés selon eux par le régime burundais.

 

Fatou Bensouda tient à souligner qu’« à l’heure actuelle, il n’y pas d’enquête ouverte et donc, mon Bureau ne collecte pas d’éléments de preuve ». En revanche, « depuis avril nous avons constaté des violences extrêmement troublantes qui ont incité beaucoup de gens à fuir de chez eux et causé des déplacements de populations massifs. Certaines milices auraient pour mission d’intimider et de menacer les gens. Je demeure préoccupée, à l’instar d’un grand nombre de Burundais, par tout ce qui pourrait faire basculer la situation actuelle dans le chaos généralisé ». Pour Fatou Bensouda, « il faut empêcher coûte que coûte que cela ne se produise ».

 

Enfin, la Procureure de la CPI a voulu démentir les rumeurs faisant état d’une ordonnance qu’elle aurait soumise à une banque africaine pour geler les avoirs de hauts dirigeants burundais : « c’est totalement faux ». 

 

Propos recueillis par Joshua Massarenti pour Infos Grands Lacs, en collaboration avec VITA/Afronline (Italie)

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Durée: 
00:11:40

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