fév
27
2019

Félix Tshisekedi promet la libération prochaine de « tous les prisonniers politiques »

Le président de la RDC a annoncé, en marge d’une visite d’État en Namibie, que « tous les prisonniers politiques seront libérés » dans les prochains jours.

« Le pouvoir de Kabila a fait son temps. C’est maintenant le mien qui commence, et j’ai ma méthode. » C’est par ces mots que Félix Tshisekedi a entamé une ébauche de bilan de ses trente premiers jours à la tête de la RDC. Arrivé à Windhoek ce mardi pour une visite d’État de deux jours, il a profité d’une conférence de presse commune avec son homologue namibien, Hage Geingob, pour se livrer à un plaidoyer pro domo et faire plusieurs annonces.

Libération des prisonniers et réforme de l’ANR

Respect des droits de l’homme, autorisation des manifestations, accès de l’opposition aux médias publics… Félix Tshisekedi a voulu marquer sa différence avec l’ancien président. « Ma méthode produit déjà ses effets », a-t-il affirmé. « Depuis que j’ai été élu, j’ai commencé à sévir contre les agents des forces de l’ordre qui violent le droit des citoyens. Au niveau de la télévision nationale, la parole est donnée à l’opposition. Les activités de Martin Fayulu passent sans censure et [il] continue à tenir des manifestations en toute liberté », a-t-il déclaré.

Il a par ailleurs pris une série d’engagements, abordant notamment la question très sensible des prisonniers politiques. « Dans les jours qui viennent, tous les prisonniers politiques seront libérés », a-t-il affirmé, précisant que le calendrier sera déterminé « selon leurs cas, parce qu’il y a ceux qui vont bénéficier de la grâce présidentielle immédiatement, et d’autres [dont] les procédures peuvent être levées ». Mais quel que soit le délai, « Ce qui est sûr, c’est que tous les prisonniers seront libérés dans les prochains jours », a martelé le président congolais.

Félix Tshisekedi a également annoncé avoir donné des instructions fermes concernant la très redoutée Agence nationale de renseignement (ANR), qu’il a décrite comme « la police politique de tous les pouvoirs depuis l’indépendance ». « Nous allons donner à l’ANR un autre visage, plus humain. J’ai déjà donné pour ordre la fermeture de tous les cachots de l’ANR, et que l’on ne puisse plus retenir des gens juste à cause de leur opinion politique », a-t-il déclaré, faisant écho à l’une de ses promesses de campagne.

Alors que se sont succédé les dénonciations de corruption concernant les élections indirectes des gouverneurs et des sénateurs prévus fin mars, Félix Tshisekedi a dénoncé un phénomène qui « a ruiné notre pays », demandant à la classe politique de « réfléchir » sur un futur changement de ce mode de scrutin.

Sur le fond de ses échanges avec Hage Geingob, Félix Tshisekedi a précisé que sa mission principale à Windhoek était de « solliciter le soutien de nos frères de la SADC pour éradiquer définitivement les groupes armés qui, depuis plusieurs années, sèment la terreur dans mon pays ».

La coalition de Katumbi change de stratégie

Ces déclarations du président congolais sont intervenus alors que, quasiment au même moment, « Ensemble pour le changement », la coalition de l’opposant Moïse Katumbi, tenait une conférence de presse à Kinshasa. Réaffirmant son appartenance à l’opposition, l’alliance – soutien déclaré à la candidature de Martin Fayulu, qui continue de rejeter les résultats de la présidentielle – « constate » que Félix Tshisekedi « a été proclamé président de la RDC par la Ceni, validé et investi par la Cour Constitutionnelle ». Tout en soulignant que ces élections ont été « entachées de nombreuses irrégularités », la coalition s’adresse directement, dans son communiqué, au « président Tshisekedi » pour l’enjoindre de prendre une série de mesures.

Ensemble pour le changement « attend du président Tshisekedi des signaux forts, notamment la libération des derniers prisonniers politiques dont Franck Diongo, Firmin Yangambi et Diomi Ndongala », lit-on dans le texte, rendu public quelques heures avant les déclarations de Félix Tshisekedi à Windhoek. La coalition a également demandé au président congolais de « favoriser le retour des exilés politiques et forcés à l’exil », dont Moïse Katumbi, Jean-Pierre Bembaet Mbusa Nyamwisi.

Les opposants mettent également en garde contre toute « toute initiative susceptible de cautionner les velléités de révision constitutionnelle pour la poursuite de la dictature dans notre pays ».

Première force politique de l’opposition avec ses 66 députés nationaux et 97 députés provinciaux, Ensemble s’oriente vers une sortie de la coalition Lamuka, formée autour de l’oppposant Martin Fayulu. « L’objectif pour lequel Lamuka avait été créé n’est plus à l’ordre du jour », a asséné lors de la conférence de presse Delly Sesanga, secrétaire général de la plateforme. Alors que Martin Fayulu bat campagne pour demander la « vérité des urnes », le vice-président Pierre Lumbi a lui aussi été clair : « Cette dynamique a atteint ses limites. (…) Il y a une situation qui ne va plus bouger. Au combat pour la vérité des urnes va succéder celui pour la restauration de l’État de droit et la consolidation de la démocratie », a-t-il déclaré.

Source: www.jeuneafrique.com

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