oct
24
2015

Félix Tshisekedi (UDPS): “Kabila a un mois pour entamer le dialogue national. Après il sera trop tard”

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Felix Tshisekedi à Bruxelles. Crédit photo: Joshua Massarenti

Bruxelles - Hier, le principal parti congolais d'opposition, l'Union pour la Démocratie et le Progrès social (UDPS), a tenu une conférence de presse à Bruxelles au cours de laquelle les principaux ténors du parti ont lancé un ultimatum au président congolais. « Joseph Kabila a un mois pour entamer un dialogue nationale qu’il a lui-même accepté à travers ses émissaires que nous avons rencontrés. Selon nos experts, novembre c'est le deadline pour réussir à organiser les élections dans les délais constitutionnels, après il sera trop tard », a déclaré Félix Tshisekedi. Dans cet entretien accordé à Infos Grands Lacs, le Secrétaire national de l’UDPS en charge des relations extérieures a affirmé que « Kabila reste illégitime » car « il s’est imposé par la force, mais il est au pouvoir de fait, il faut donc dialoguer avec lui ».

A l’exception du Président de l’UDPS, Etienne Tshisekedi, présent en Belgique depuis 14 mois pour « convalescence », les principaux représentants du parti étaient présent à la conférence de presse : son Secrétaire général, Bruno Mavungu Puati ; le Secrétaire général-adjoint et porte-parole de l’UDPS, Bruno Tshibala, et Félix Tshisekedi. Au cours de cette conférence,  ils ont appelé « toutes les forces politiques et sociales acquises au changement de se ranger aux côtés de l’UDPS dans un grand rassemblement républicain pour la tenue du dialogue national ». Cet appel est aussi implicitement lancé à Vital Kamerhe et Moïse Katumbi, dont la récente rencontre à Londres « n’est pas une source de préoccupation pour l’UDPS, bien au contraire », a assuré Félix Tshisekedi.

L’UDPS a par ailleurs rappelé les trois objectifs poursuivis par le parti dans le cadre d’un éventuel dialogue national: l'élaboration d'un calendrier électoral réaliste et consensuel, qui tient compte des délais constitutionnels - mais en reportant tous les scrutins autres que la présidentielle et les législatives, prévues en novembre 2016 mais que l’UDPS veut anticiper au mois de septembre -, l'organisation d'un « processus électoral crédible » et dans un « climat apaisé » et « le transfert pacifique du pouvoir, dans le respect de l'expression » du peuple congolais.

Tshisekedi a salué « l’engagement de la Communauté internationale », notamment à travers « les trois résolutions du Conseil de sécurité des Nations-Unies qui se sont faites de plus en plus précises sur la nécessité de tenir un dialogue national pour désamorcer cette crise qui arrive à grande vitesse ». Cependant, le fils du fondateur de l’UDPS a déploré le retard accumulé par les Nations-Unies dans la désignation d’un médiateur chargé d’accompagner les acteurs politiques dans le dialogue national et le processus électoral. Un retard qui ne se justifie plus selon lui, « car même Kabila a accepté la présence de ce médiateur ».

A Bruxelles, les représentants de l’UDPS ont aussi accusé le pouvoir de Kinshasa « d’avoir instrumentalisé la CENI et dilapidé les fonds disponibles pour financer les élections ». « Le gouvernement a réalisé une cagnotte de 250 millions de dollars par exercice budgétaire depuis 2012, ce qui donne un total de un milliard de dollars, mais n’a décaissé que 17 % », a rappelé Bruno Tshibala. A propos de la Commission électorale nationale indépendante, Félix Tshisekedi ne partage pas la décision prise le 21 octobre dernier par les confessions religieuses (sauf l’Eglise catholique) de proposer Corneille Nangaa à la tête de la CENI. « Nous connaissons les accointances de ces confessions religieuses qui ont nommé Nangaa avec le régime. Elles ne peuvent pas représenter à elles-seules la société civile », a assuré Tshisekedi. « Le dialogue national sert aussi à éviter ce genre d’arrangements ».

Propos recueillis par Joshua Massarenti pour Infos Grands Lacs, en collaboration avec VITA/Afronline (Italie).

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00:09:00

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