Félix Tshisekedi veut « redynamiser » les relations avec l’Union européenne
Le président Félix Tshisekedi avait initialement prévu de réclamer à l’Union européenne (UE) la levée des sanctions à l’encontre de plusieurs personnalités proches de son prédécesseur Joseph Kabila, selon la version écrite de son allocution. Finalement, il a prononcé un discours très diplomatique à destination de son partenaire, avec qui il a assuré vouloir « redynamiser » ses relations.
Le nouveau président congolais avait convié, ce vendredi 15 février à la cité de l’Union africaine à Kinshasa, les diplomates accrédités et les représentants des institutions internationales présentes dans le pays. Le chef de l’État voulait partager la « quintessence de sa vision diplomatique » – pour reprendre ses termes – lors de ce qui était officiellement qualifié de « prise de contact » avec la communauté diplomatique accréditée dans le pays.
Félix Tshisekedi était particulièrement attendu sur un dossier : celui des relations entre la République démocratique du Congo (RDC) et l’Union européenne. Et sur ce point, il semble avoir revu sa position à la dernière minute. Le chef de l’État a effectivement renoncé à lancer un « appel pressant » à l’UE pour réclamer la levée des sanctions qui pèsent contre des personnalités politiques congolaises, pour l’essentiel des proches de Joseph Kabila. La phrase figurait pourtant dans son discours écrit, obtenu par Jeune Afrique, mais il ne l’a finalement pas prononcé.
« Quant à nos relations avec l’Union européenne, je voudrais les voir amplement redynamisées, dans le respect des principes sacro-saints qui fondent l’Organisation des Nations unies », a ainsi déclaré le président. Ce dernier a souhaité « dans les plus brefs délais » que « la RDC et l’UE procèdent à l’échange de leurs ambassadeurs respectifs », afin d’avoir le même niveau de représentation.
Vers une réouverture de la maison Schengen
À trois jours du scrutin du 30 décembre dernier, le gouvernement congolais avait donné 48 heures à l’Union européenne pour rappeler son ambassadeur à Kinshasa. Une « mesure de rétorsion » que les autorités congolaises avaient prises après le renouvellement des sanctions européennes visant des personnalités proches de l’ex-président Joseph Kabila. Un an plus tôt, dans un contexte de tensions très fortes avec Bruxelles, Kinshasa avait fermé la maison Schengen, sorte de consulat de l’UE géré par Bruxelles et qui octroie des visas pour 17 pays membres et la Norvège.
« J’ai instruit la partie congolaise de finaliser rapidement les discussions entamées avec la partie européenne pour la restructuration et la réactivation de ce dispositif consulaire, en harmonisant les recommandations de la commission technique ad hoc avec les propositions émises par les ambassades européennes basées à Kinshasa », a indiqué Félix Tshisekedi dans son discours.
Et, alors que son prédécesseur Joseph Kabila voulait un départ de la Monusco, force onusienne en RDC – plus de 16 000 Casques bleus sont officiellement déployés dans l’est du pays – , Tshisekedi compte, d’ici mars, plaider pour « une reconfiguration par un redimensionnement qualitatif des troupes ». Elles devront être « moins nombreuses, mais mieux équipées et aguerries face à la guerre asymétrique dans la collaboration avec l’armée nationale pour la traque des groupes armés, principale menace contre les civils », a déclaré le président.
« Souveraineté » sur les richesses naturelles
Félix Tshisekedi a par ailleurs insisté sur le fait que la RDC « tient à sauvegarder son indépendance politique » et la « souveraineté du peuple congolais sur les richesses naturelles nationales ». Il a prévenu que toute coopération devrait se fonder sur le « respect et la considération mutuelle ».
Vantant les richesses du sous-sol du pays – « une bénédiction » – il a également promis « une lutte implacable contre la corruption, l’incivisme fiscal, les tracasseries multiples et une simplification des procédures administratives, fiscales et douanières dans les secteurs de la vie nationale ».
À noter que l’influente Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), qui avait contesté la victoire de Félix Tshisekedi, était représentée lors de cette cérémonie par son président, Mgr Marcel Utembi, et son secrétaire général, l’abbé Donatien Nshole. Une présence qui se justifie « par respect pour les institutions », a expliqué à Jeune Afrique l’abbé Nshole. « Quelle que soit la façon dont on accède au pouvoir, le chef de l’État qui est là est reconnu officiellement, et nous ne pouvons que composer avec lui », a-t-il ajouté.
Source: www.jeuneafrique.com