Fermeture du réseau de Smart : Le directeur commercial de Smart dénonce une décision politique
Le 18 août, via une lettre qui a fait rapidement le tour des réseaux sociaux, l’ARCT exige la fermeture du réseau de Smart. Les dirigeants de la compagnie parlent d’une volonté de nuire à la compagnie. Du côté de l’ARCT, cette décision fait suite au non-paiement de ses redevances taxatives de la part de Smart.
Dans la nuit du 18 août, c’est la stupeur chez les abonnés de Smart. Une lettre de l’ARCT annonce la fermeture du réseau de Smart. Motif invoqué : Des factures de taxes impayées. Certains, paniqués, changent jusqu’à leur numéro whatsapp. « Avec cette fermeture, il faut se préparer à tout ».
Interviewé par Iwacu, le directeur commercial de Smart reconnaît des arriérés de paiements auprès de l’ARCT, mais dénonce des factures indues : « Ces factures s’élèvent à plus d’un milliard huit cent millions de francs bu ! Ce n’est pas une somme négligeable.»
Jean-Marie Lacroix explique ensuite que Smart a déboursé tous ses arriérés d’impôts s’élevant à 6.654.864.491 BIF à la fin du mois de mai 2022. « Quelle ne fut notre surprise de voir débarquer des factures de pénalités d’un montant total de près de 9 milliards de la part de l’ARCT ! », s’exclame ce haut cadre de Smart.
« Il y a une volonté de nous nuire »
Le directeur de Smart avance, en outre, que tous les comptes bancaires de Smart sont fermés depuis trois mois sans oublier la détention de véhicules de la société. « Il y a clairement une volonté de nous nuire !». Jean-Marie Lacroix pointe de ce fait une décision qui va décourager l’investissement dans la téléphonie mobile au Burundi.
Face à l’ordre de fermeture du réseau de Smart délivré par l’ARCT, M. Lacroix ne cache pas son amertume : « Personne ne s’est soucié des consommateurs, du développement de l’activité commerciale de l’entreprise. Nous avons des clients connectés, des entreprises connectées et des assurances connectées. En une nuit, sans les avoir prévenus, ces gens se sont vus déconnectés.»
Jean-Marie Lacroix exprime une pensée particulière pour les clients : « Nous avions toujours pris soin de livrer un internet rapide et efficace et à des prix abordables à nos clients. Maintenant le Gouvernement vient d’y mettre un terme. Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? C’est très regrettable ! »
Et de juger ensuite que la décision de fermeture du réseau de Smart est politique et mine la concurrence au profit de la société Lumitel : « Quand on accorde des avantages à une société, c’est clairement installer de la concurrence déloyale.»
Interrogé sur le pourquoi de l’accumulation des impayés, le directeur commercial de Smart avoue des erreurs de management auxquelles s’ajoute, souligne-t-il, de la surtaxation. « En tout cas, ce qui est sûr aujourd’hui c’est que les montants indus sont de loin supérieurs aux montants dus».
L’ARCT s’explique
Samuel Muhizi : « Smart a passé presque deux ans sans payer ses taxes.»
Le directeur général de l’Agence de Régulation et de Contrôle des Télécommunications, Samuel Muhizi, rappelle d’abord que chaque société de télécommunication dispose d’une licence d’exploitation d’une durée de soit 15 ou 20ans. « La licence de Smart, contractée en 2007, était de 15 ans».
Selon le docteur en télécommunications, au mois de mars, une demande de renouvellement de la licence d’exploitation a été déposée par la société Smart. « Parmi les documents exigés, Smart n’a pu fournir l’attestation de non-redevabilité réclamée par l’OBR». L’attestation de non-redevabilité est un document qui confirme que Smart ne devait rien au fisc. D’après le Dr Muhizi, Smart venait de passer plus de deux ans sans payer ses taxes à l’ARCT à ce moment-là.
Quant aux pénalités, le directeur général de l’ARCT est formel : « Même Une pénalité est un dû. Tant que Smart ne les avait pas remboursées, c’est considéré comme des factures impayées. D’ailleurs, à l’arrivée de la date de la fin de la licence d’exploitation le 27 juillet, un délai de grâce a été accordé à Smart jusqu’au 3 août.» Le 18 juillet, donc, l’ARCT, dans une lettre, ordonnait la fermeture du réseau de Smart.
Quid de la suite ? Samuel Muhizi nous fait savoir que même si la société paierait tous ses dus, les ennuis ne seraient pas terminés pour elle. « Renouveler sa licence d’exploitation après la fermeture du réseau est un vrai parcours du combattant. La présidence s’en mêle puisque cela exige notamment un décret présidentiel ! ». Et de soutenir enfin que cette fermeture a respecté toutes les bases légales.
Réaction
Pierre Nduwayo : « La qualité des services offerts par les compagnies est souvent mauvaise.»
Le président de l’Association burundaise des Consommateurs (ABUCO) se désole de l’annonce de la fermeture du réseau de Smart : « La téléphonie mobile est aujourd’hui ancrée dans nos mœurs, raison pour laquelle une telle nouvelle est d’une telle tristesse pour les consommateurs.»
En même temps, relève Pierre Nduwayo, les compagnies doivent s’enquérir de leurs redevances en termes de taxes et impôts auprès des instances en la matière.
Enfin, M. Nduwayo en profite pour se plaindre de la mauvaise qualité des prestations offertes par les compagnies de téléphonie mobile : « Lors des dernières assises sur les télécommunications, nous avions exprimé nos lamentations sur la qualité des services des compagnies qui laissent à désirer mais depuis, rien n’a changé.»
Aussi, le dirigeant de l’ABUCO pointe du doigt les prix qui ne cessent de grimper de la part des compagnies de téléphonie mobile. « Les prix appliqués particulièrement pour l’internet mobile ont explosé depuis quelques mois et cela dans des conditions opaques », éclaire-t-il. Pierre Nduwayo demande pour cela l’intervention des pouvoirs publics dans l’intérêt du consommateur.
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