Dans cet entretien, il indique combien ses séjours au Rwanda l’ont profondément marqué.
Mais d’entrée de jeu, Sarkozy clarifie les choses : « ce qui s’est passé au Rwanda d’avril à juillet 1994 est le dernier génocide du vingtième siècle. Appelons les choses par leur nom ».
Il balaie ainsi la fumeuse théorie du « double génocide » qui relève plus du négationnisme et de l’inversion des responsabilités que d’une réalité. On connait le franc parlé qui le caractérise.
Et concernant le génocide contre les tutsis, il renchérit : « c’est un projet politique raciste d’extrémistes hutu pour rayer de la carte les tutsis ».
Tout en saluant la qualité du rapport Duclert, il se félicité qu’il « parvient au même constat que celui j’avais énoncé lors de ma visite il y a onze ans. La première et la seule à ce jour d’un Chef d’Etat français depuis le génocide ».
Nicolas Sarkozy rappelle qu’il avait, en son temps, parlé « d’erreurs politiques » et d’ »aveuglement ». Ce que confirme le rapport Duclert mais aussi le rapport Muse, commandé par le gouvernement Rwandais au cabinet d’Avocats américains.
L’ancien président français ne parle pas uniquement politique mais aussi histoire. En effet, il affirme que « la place des génocides (arméniens, juifs et tutsis) dans l’histoire met toujours du temps à être reconnue. Mais celle-ci grandit dans les mémoires collectives avec les années qui passent ».
Et comme s’il se considérait comme réhabiliter par le rapport Duclert, il rappelle que « pendant des années, j’ai été bien seul à poursuivre le dialogue avec le Président Kagame(…) J’ai avec lui une relation de grande estime et de grande confiance. En 2010, j’ai tenu à me rendre au Rwanda et à visiter le mémorial du génocide(…) Beaucoup en France me l’ont alors déconseillé puis même reproché(…). Ce mouvement de rapprochement a malheureusement connu un retour en arrière pendant le quinquennat de François Hollande, qui manifestement n’avait pas saisi la gravité de la situation. Il a heureusement été relancé, et je m’en réjouis, par le Président Macron ».
Cette mise ne perspective de l’ancien Président est marquante à plus d’un titre. Elle indique qu’il est des décideurs qui sont beaucoup plus lucides que d’autres et qu’on ne peut changer les faits historiques.
