Gaston Sindimwo : « Le président est un homme bon »
Prochain round de pourparlers, dissensions ou probable réunification de l’Uprona, etc. Le premier vice-président n’esquive aucune question. Rencontre avec Agnès Ndirubusa.
Le 5ème round du dialogue mené par la facilitation de Mkapa c’est pour bientôt, à votre avis, quel serait l’agenda?
Pour Mkapa, il s’agit de marquer la fin du dialogue. Aujourd’hui, presque tous les instruments pour nous amener aux élections sont fins prêts. La feuille de route est déjà tracée, ceux qui n’ont pas encore apposé leur signature peuvent le faire. Alors, sur quoi faut-il discuter ? Ce qui reste c’est peut-être de trouver une porte pour ceux qui sont en exil et les aider à rentrer au pays. Par contre, je plains ces politiciens qui ont perdu trois ans en exil en disant qu’ils veulent chasser le Cndd-Fdd du pouvoir pour enfin de compte rentrer et trouver le Cndd-Fdd encore là.
Et une possible discussion sur un gouvernement d’Union nationale ?
Ceux qui croient que les négociations de poste vont se faire lors de la dernière session se trompent. Le changement se fait par la voie des urnes. Il ne faut pas espérer un partage de pouvoir concocté par la facilitation. Si vous décidez de boycotter les urnes, les élections vont se faire sans vous et les dirigeants mis en place vont vous gouverner que vous le vouliez ou pas.
Quid de ceux qui sont poursuivis par la justice ?
C’est à la justice de s’occuper de cette affaire, pas à moi. Néanmoins j’imagine que s’ils font mea culpa, s’ils se repentent, cela peut changer la donne. Vous savez, nous avons un président bon, qui pardonne et qui veut que tous les Burundais rentrent pour bâtir le pays. Savez-vous que le président a fait une prière pour que toutes ces personnalités en exil rentrent ? Donc avec ça, je pense que ça va prendre.
En priant il a pensé à des gens comme Alexis Sinduhije, Bernard Busokoza, Jérémie Minani ?
Quand il prie pour les Burundais en exil, ces personnes aussi en font partie. Si des fautes ont été commises, le pardon peut être demandé et donné pour que tout rentre dans l’ordre. C’est dans la même dynamique que la Commission vérité et réconciliation a été mise en place. Etablir la vérité, pardonner et avancer vers la réconciliation pour construire ensemble un Burundi meilleur.
Des rumeurs de dissensions au sein du parti Uprona ont circulé vendredi passé, vous confirmez ?
Nous avons fait face aux incompréhensions de certaines personnes. Une réunion du bureau exécutif qui a eu lieu vendredi dernier, la rencontre s’est bien déroulée. L’ordre du jour présenté par la direction a été bien respecté, n’en déplaise à nos détracteurs qui avaient fait circuler des messages sur les réseaux sociaux, appelant les médias à venir voir le chaos qui n’est jamais arrivé. D’ailleurs, nous nous félicitons des trois ans qui viennent de s’écouler sans incident majeur au sein du parti. Une première au sein de notre parti depuis très longtemps.
Donc vous avez pu gérer la crise qui menaçait le parti?
Oui. Il y a des gens qui croient pouvoir déstabiliser le parti parce qu’ils ont perdu leurs postes pour différentes raisons. Et laissez-moi vous poser une question : si on vous vire de votre poste est-ce la faute de l’Uprona ? Si le président de la République décide de changer toute la direction de la Sobugea ou encore de remplacer la directrice de la Mutuelle, est-ce une raison pour créer une crise au sein du parti ?
Ce serait donc une affaire de postes qui aurait dégénéré?
Nous ne pouvons pas accepter des chantages et aussi longtemps que nous serons gestionnaire de la nation et provenant du parti Uprona, nous devons protéger ce parti. Et ceux qui ont voulu déstabiliser le parti doivent savoir que personne n’est éternel à un poste. Moi-même je peux être dégommé demain ou après-demain de la vice-présidence. La solution ne serait pas de créer une crise au sein du parti mais plutôt de le renforcer parce que c’est grâce à ce parti que nous sommes là. Le repli c’est à l’Uprona. Néanmoins, au sein du parti Uprona, il peut y avoir des tentatives de déstabilisation mais jusqu’à présent nous maîtrisons la situation.
Vous dites maîtriser la situation. Mais il vous est reproché d’agir en solo, sans concertation
Je ne gère pas le parti, l’Uprona a son président, je ne suis qu’un simple conseiller. Et si c’était la dictature, ceux qui se plaignent maintenant d’avoir perdu leurs emplois n’auraient même pas eu ces postes. Si les autorités décident de vous remplacer pour des raisons évidentes, je n’ai rien à avoir là-dedans. Tout ce que je peux faire c’est de trouver une autre personne méritante qui va reprendre le poste. Et ensuite trouver une sorte de repli. Mais nous ne pouvons pas tolérer le chantage. Créez la crise, c’est s’enfoncer davantage.
Certaines sources évoquent une imminente réunification avec la fraction de l’Uprona de la Coalition Amizero y’Abarundi
Nous sommes en train d’effectuer un rassemblement de tous les Burundais. Et pas seulement ceux qui ont quitté le parti en 2015 pour former la coalition Amizero y’Abarundi. Même les membres du parti Cndd-Fdd, ceux du FNL, … Souvenez-vous que tous proviennent d’un seul parti : l’Uprona. Il faut qu’ils reviennent à la maison.
Des tractations avec des adversaires comme Tatien Sibomana, et Evariste Ngayimpenda ?
Ce que je peux dire c’est que nos bras sont ouverts pour accueillir tout le monde. Pour attirer ces personnes, il faut avoir la base. Si la base dissidente revient, même ceux à qui vous tendez le micro vont revenir. Mais ce n’est pas seulement ces gens-là que nous recherchons, il y a également des tractations avec les membres d’autres partis politiques. Nous sommes à un stade avancé. Demain ou après-demain nous allons vous en faire une démonstration jamais vue.
Vous vous voyez en candidat en 2020 représentant votre parti ?
Ce sera le choix du parti, pas le mien. Je ne suis qu’un serviteur du parti. Depuis que je suis au parti Uprona, je sers tout le monde. Et là si on choisit de me mettre en avant comme candidat pour prendre les rênes du pays, je suis prêt.
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