Génocide des Tutsi : Kangabe adopte son bourreau Kagabo
Les Rwandais sont d’une force spirituelle titanesque. Ils sont capables d’accorder le pardon à un criminel qui aura massacré leurs familles entières. C’est le cas de Mme Adèle Kangabe, 70 ans, résidant à Rwamagana, est du Rwanda.
Esseulée depuis le génocide des Tutsi de 1994 qui a emporté tous les siens et qui l’a elle aussi laissée pour morte, avec des coups profonds de machette sur tout le corps, Mme Kangabe a décidé, d’elle-même en âme et conscience, d’accorder le pardon à Louis Kagabo, auteur de ces crimes de génocide contre son mari et ses enfants. Elle est allée plus loin jusqu’à lui offrir une chambre chez elle et à, plus tard, organiser son mariage. Louis Kagabo, du bourreau à l’enfant adoptif, un long chemin inimaginable“Kagabo a tué mon mari et mes enfants. Moi-même, il m’a frappée avec sa machette sur plusieurs parties de la tête, des bras, et partout ailleurs sur les autres parties de mon corps. Au sortir de la prison, il est venu à moi me priant de lui pardonner. Il m’a raconté contrit comment il m’ a frappée à la tête avec sa machette mais que je n’ai pas voulu mourir”, a-t-elle témoigné ajoutant qu’au vu de la franchise et du profond regret qu’il a manifesté, non seulement elle lui a accordé le pardon mais aussi elle lui a offert un toit, puis le temps aidant, voyant comment Kagabo pleurait d’amertume quand il se remémorait la sauvagerie avec laquelle il a tué la famille de sa bienfaitrice, celle-ci l’a adopté comme son fils. Elle lui a construit une maison et organise son mariage au point que le jeune couple a des enfants qui jouent avec leur désormais grand-mère.
Syndrome psychologique de substitution nécessaire ?
“Je me sens allégée psychologiquement. Le lourd poids d’amertume à la vue de mon ancien bourreau, un poids qui ne me quittait plus est finalement parti”, a-t-elle confié à la presse, trouvant que tout ce phénomène, la nature ayant l’horreur du vide, n’a été rendu possible que parce qu’elle était une grande pratiquante et croyant en Dieu.
Pour cet acte de pardon hors du commun, Adèle Kangabe a été élevée au rang de ″Sage″ et de ″Gardienne de l’Unité des Rwandais″ UMURINZI W’IGIHANGO du District de Rwamagana à l’est du Rwanda Par ce geste, elle montre qu’une réconciliation des Rwandais est parfaitement possible, que ce qui importe est d’avoir un cœur aimant, miséricordieux.
Avec RBA&igihe.com