aoû
07
2015

Grand entretien. Laura Serani : « Nous regretterons toujours la mort de Kiripi Katembo »

De Bruxelles - « C’était un moteur pour les artistes de sa génération, une personnalité artistique dotée d’une énorme énergie, très dynamique dans le milieu de la vidéo, du cinéma et de la photographie. Nous regretterons toujours sa perte ». Parmi les nombreux hommages qui sont rendus à travers le monde à Kiripi Katembo Siku, photographe congolais originaire de Goma et décédé mercredi à Kinshasa à l’âge de 36 ans à la suite d’une malaria cérébrale, celui de Laura Serani a une importance toute particulière.

Commissaire d’expositions, Serani fut directrice artistique des éditions 2009 et 2011 des Rencontres de Bamako, la plus importante Biennale de photographie du continent africain. « J’ai rencontré Kiripi Katembo pour la première fois en 2010, à l’institut français de Kinshasa. A l’époque nous étions allés à la rencontre de jeunes artistes congolais, dont faisait partie Kiripi Katembo. Le thème des Rencontres de Bamako de 2011 s’intitulait « Pour un monde durable », malgré sa nature désinvolte et son travail très esthétique, je garde le souvenir d’un artiste très engagé. Il m’avait montré ses travaux, et à partir de là j’ai fait un choix qui n’est pas très habituel à la Biennale de Bamako en insérant son travail sur les mines désaffectées dans l’exposition collective et en organisant parallèlement une monographie sur sa série « Un regard » dédiée aux problèmes des inondations à Kinshasa ». Comme bon nombres de photographes et vidéastes africains, les Rencontres de Bamako ont été un tournant dans la carrière de Kiripi Katembo, et sa série sur la capitale congolaise fera de cet artiste très polyvalent une étoile montante de la photographie contemporaine africaine. « Son originalité réside dans sa capacité à travailler sur des disciplines différentes », soutien Laura Serani. Amoureux de la vidéo, de la photo et de la peinture, Kiripi, qui avait étudié à l’école des Beaux-Arts de Kinshasa, aimait se définir « un écrivain qui écrit avec une caméra et un peintre qui peint avec une caméra ». Ses oeuves ont été exposées à la Biennale de Venise (Italie), au Festival international du film de Berlin, aux Rencontres de la photographie d’Arles (sud de la France) ou au festival d’Avignon, dont il avait réalisé l’affiche pour la 67e édition en 2013. Ces photographies sont actuellement à voir à la Fondation Cartier jusqu’au 15 novembre 2015.

Dans cet entretien accordé à Infos Grands Lacs, Laura Serani dresse le portrait d’un artiste hors du commun.

Propos recueillis par Joshua Massarenti pour IGL, en collaboration avec Afronline (Italie).

Langues: 
Genre journalistique: 
Thématiques: 
Durée: 
00:11:40

Partager