Grand entretien. Pierre-Claver Mbonimpa: Ban Ki Moon et chefs d’Etat africains, visites de la dernière chance pour Nkurunziza et son pouvoir
Bruxelles - Le militant burundais des droits de l’homme, Pierre-Claver Mbonimpa, considère que la visite actuelle du Secrétaire Général des Nations Unies, Ban Ki Moon, au Burundi et celle de quatre chefs d’Etat africains prévue le 25 février, constituent « une dernière chance pour Nkurunziza et son pouvoir. Nous attendons beaucoup de ces visites. Si elles échouent, notre pays précipitera dans le vertige de la guerre civile ».
Dans ce grand entretien accordé ce matin à Infos Grands Lacs, le président de l'Association pour la protection des droits humains et des personnes détenues (Aprodh), exilé en Belgique depuis la tentative d’assassinat dont il a été victime en aout 2015, aborde les principaux défis qu’attendent le Burundi dans le futur proche, voire très proche. Selon lui, « le Burundi n’a qu’un seul problème qui est celui d’un seul homme : Pierre Nkurunziza. Il ne devait pas briguer un troisième mandat, car c’est contraire à la Constitution et aux Accords d’Arusha. Piétiner sur ces accords ne diffère pas que de piétiner sur les cadavres de Mandela et de Nyerere ».
Mbonimpa invite donc le Président burundais à « accepter les négociations avec toutes les parties prenantes du conflit, y compris les groupes rebelles, car dans le contraire nous ne pourrons aboutir à un accord ». Le militant burundais rappelle que « Nkurunziza sait ce que ce sait une guerre civile et qu’il sait aussi qu’il a accédé au pouvoir en tant que rebelle à travers les négociations qui ont abouti aux Accords d’Arusha. Lui-même connait bien les leaders de ces groupes armées puisqu’il s’agit d’anciens compagnons de guerre». Dans cette interview, Mbonimpa soutient d’avoir avec d’autres « conseillé à ces groupes de ne pas attaquer le pays et d’attendre les visites de Ban Ki Moon et des présidents africains. Si aucune solution ne sera trouvée lors de ces visites, nous ne serons plus en mesure de faire raisonner ces mouvements qui feront ce qu’ils voudront et qui attaqueront le Burundi, au grand damne du peuple burundais qui sera la principale victime de la guerre. Si par contre Nkurunziza accepte de négocier, nous pourrons aboutir à des résultats qui pourront sauver le pays ».
A propos des récentes décisions prises par le gouvernement burundais en faveur de la réouverture de deux radios privés et de la levée de quelques mandats internationaux contre des opposants, Mbonimpa est convaincu qu’il s’agit d’une stratégie pour « démontrer à Ban Ki Moon et à la Communauté internationale que Bujumbura fait quelque chose, que le gouvernement est de bonne foi, mais il n’en est rien ». Pour être crédibles, il faut que « ces mesures soient prises au niveau des négociations », plaide-t-il.
Entre autre, Mbonimpa déplore le fait que « nos comptes bancaires soient toujours fermés. Tous les membres de notre association sont aujourd’hui au chômage ». Pire, « le pouvoir a commencé à s’approprier les avoirs de Maison Shalom, demain ce sera le tour d’autres associations ».
Propos recueillis par Joshua Massarenti pour Infos Grands Lacs, en partenariat avec VITA/Afronline (Italie).