fév
04
2018

Gratuité des soins : pas scrupuleusement respectée

Pas mal de femmes se lamentent du fait que leurs accouchements ne sont pas subventionnés à 100%. Cela est lié à l’ordonnance ministérielle nº 630/848 portant sur les modalités d’application du décret nº 100/136 de subvention des soins aux enfants de moins de cinq ans et des accouchements dans les structures de soins publiques et assimilées muette à ce sujet et à la pénurie des médicaments.

«J’ai mis au monde il y a un mois à l’Hôpital Militaire de Kamenge (HMK). On m’a fait payer 24 000 FBu pour les médicaments. J’ai été surprise», indique une mère sous couvert d’anonymat habitant la zone Cibitoke. Elle se lamente, car elle pensait qu’elle allait rentrer sans payer aucun sou si elle se réfère à l’ordonnance ministérielle nº 630/848 portant sur les modalités d’application du décret nº 100/136 de subvention des soins aux enfants de moins de cinq ans et des accouchements dans les structures de soins publiques et assimilées.

Une autre femme habitant la zone Ngagara fait remarquer qu’il y a un mois et demi qu’elle a payé à 100% les frais des soins de son accouchement. La raison de ce paiement est que sur son extrait d’acte de mariage était mentionné que son mari est magistrat. Selon toujours elle, on lui a demandé la carte mutuelle pour que 80% des frais soient subventionnés par la mutuelle de la fonction publique et les 20% par la gratuité des soins comme le stipule l’article 4 de ladite ordonnance. Elle n’en avait pas, car son mari a changé de carrière et travaille actuellement dans le secteur privé. Cette femme s’inquiète du fait que la gratuité des soins des accouchements dans les structures de soins publiques et assimilées n’est pas scrupuleusement respectée.

De même, D.K fait savoir qu’elle a acheté des médicaments de plus de 30 000 FBu lors de son accouchement à l’hôpital Prince Régent Charles. Selon elle, même les autres femmes avec qui elle était à cet hôpital étaient sommées de s’acheter les médicaments non disponibles dans la pharmacie de cet hôpital lors de l’accouchement.

Les raisons de la pénurie des médicaments

Dr Elie Manirakiza, chef de service financier à l’HMK indique qu’il arrive souvent que les médicaments ou les autres matériels dont ces femmes ont besoin ne soient pas disponibles dans les pharmacies des hôpitaux publics et assimilés. Dans ce cas, ces femmes sont invitées à aller les acheter dans les autres pharmacies.

Les créances colossales, une cause majeure de la pénurie de médicaments

Manirakiza précise que l’HMK paie cash les médicaments pour approvisionner la pharmacie de cet hôpital. Avec des créances colossales qui ne sont pas encore remboursées, Manirakiza précise que s’approvisionner en médicaments n’est pas une chose facile. D’où la pénurie des médicaments dont les femmes ont besoin lors de l’accouchement. A titre illustratif, Il informe que l’HMK enregistre un montant de plus de 9 milliards de FBu de créances et une facture gratuite de 2 milliards 500 millions de FBu.

Le FBP paie une partie des factures de gratuité des soins

Manirakiza souligne qu’il n’y a pas de fonds du gouvernement destiné à financer la gratuité des soins des accouchements. Les structures de soins comptent sur le FBP (Financement Basé sur les Performances). Il paie une partie des factures de gratuité, confie-t-il. Et de demander au gouvernement de chercher d’autres subventions pour financer la gratuité des soins.

Une ordonnance ministérielle muette

D’autres femmes se lamentent, car leurs accouchements n’ont pas été subventionnés à 100%. Manirakiza explique que cela est lié à l’ordonnance ministérielle nº 630/848 portant sur les modalités d’application du décret nº 100/136 de subvention des soins aux enfants de moins de cinq ans et des accouchements dans les structures de soins publiques et assimilées qui est muette à ce sujet. Dans une copie de ladite ordonnance transmise par le ministère de la Santé Publique et de la Lutte contre le Sida, on précise que la gratuité des soins est là pour soulager les souffrances des groupes les plus vulnérables. Malheureusement, le degré de vulnérabilité n’est pas précisé, s’inquiète -t-il.

Par contre, l’article 3 de ladite ordonnance stipule que les accouchements, y compris les césariennes pour les femmes de nationalité Burundaise résidant au Burundi sont subventionnés à 100% pour autant qu’ils aient eu lieu dans les structures de soins publiques et/ou assimilées et que les modalités d’application de la mesure soient respectées.

Des litiges naissent quelquefois

Manirakiza ne voit pas par exemple dans cette ordonnance ministérielle la place réservée aux commerçants, aux avocats et d’autres qui ont de bonnes conditions de vie qui n’ont pas d’assurances pour payer les soins d’accouchement de leurs épouses. Ce qui cause quelquefois des litiges entre l’HMK et ces derniers, car une loi muette est difficile à appliquer, martèle-t-il.

Signalons que Jean Claude Karerwa, porte-parole du président de la République du Burundi note que les structures de soins publiques et assimilées doivent respecter la loi régissant la subvention des soins des accouchements.

burundi-eco.com

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