Intervention orale de Pierre Claver Mbonimpa devant le Conseil des Droits de l'Homme à Genève.
Merci Monsieur le Président.
Le Projet des défenseurs des droits de l’homme de l’Est et la Corne de l’Afrique et l’Association Burundaise pour la Protection des Droits Humains et des Personnes Détenues remercie les experts de la Commision d’enquête pour leur rapport oral. En tant que Burundais, j’apprécie le difficile travail accompli par les experts pour documenter la grave et inquiétante réalité dans laquelle vit mon peuple aujourd’hui.
Monsieur le Président, à ce moment un silence de mort s’est installé sur mon pays. Mais ne pensez pas que c’est parce que les exactions ont cessé : en réalité, le gouvernment a simplement verrouillé le pays. Les Burundais meurent, se font torturer, disparaissent sans laisser de trace, et les auteurs continuent en toute impunité.
Monsieur le Président, nous sommes extrêmement inquiets des violations qui continuent en toute impunité au Burundi aujourd’hui, y compris la privation arbitraire de la vie, les disparitions forcées, et les allégations de torture et autres mauvais traitments dans des lieux de détention officiels et non reconnus. Aujourd’hui, la société civile peine à mener des enquêtes sur les graves violations et abus commis par les acteurs étatiques et non-étatiques. La majorité des défenseurs des droits de l’homme sont aujourd’hui contraints à l’exile.
Le gouvernement du Burundi a exprimé ici son déni total de la situation dans son pays. Son peuple vit la peur au ventre, chaque jour des mères, pères et enfants disparaissent, certains sont retrouvés sans vie, d’autre ne réapparaissent jamais.
Le gouvernement du Burundi est accusé de crimes qui pourraient représenter des crimes contre l’humanité, et refuse non seulement de coopérer, mais aussi de dialoguer avec la Commission d’enquête mise en place pour enquêter ces crimes. Ce comportement est inacceptable venant de la part d’un état membre du Conseil des droits de l’homme. Mr. le Président, Nous appelons tous les états membres de ce Conseil à rappeler au Burundi ses obligations et à préserver la crédibilité de cette institution.
Source : www.defenddefenders.org