avr
23
2019

Joseph Kabila renonce à imposer Albert Yuma à la primature

L’ancien et le nouveau président congolais se sont de nouveau rencontrés, lundi. Ils ont notamment évoqué ensemble la désignation du prochain Premier ministre. Joseph Kabila, qui proposait initialement le nom d’Albert Yuma, aurait « pris acte » du refus de Félix Tshisekedi, et proposé d'autres noms.

Désignation du prochain Premier ministre, composition du futur gouvernement et équilibre des forces à l’Assemblée nationale et au sein des autres institutions entre FCC et la Coalition pour le changement (Cach). Voilà, à en croire le Front commun pour le Congo (FCC, la coalition de l’ancien président), l’ordre du jour de la nouvelle rencontre entre  Félix Tshisekedi et Joseph Kabila, qui s’est déroulée lundi 22 avril – quelques jours après l’arrêt de la Cour de cassation annulant la condamnation à Moïse Katumbi – à la cité de l’Union africaine, où réside l’actuel président de la République.

Selon une source de Jeune Afrique au sein du FCC, Joseph Kabila, qui avait initialement avancé le nom d’Albert Yuma pour prendre le poste de Premier ministre, « a proposé à Félix Tshisekedi d’autre noms pour la primature ». Des noms restés secret par les entourages des deux hommes. « Mais tous sont des caciques du FCC, et aucun ne peut être accepté par Félix Tshisekedi », affirme à Jeune Afrique une source très proche de la présidence de la République.

Trois mois après l’investiture de Tshisekedi, les négociations sur le nom du futur Premier ministre avancent difficilement. Joseph Kabila, « autorité morale » du FCC, fort de la majorité de sa coalition à l’Assemblée nationale et au Sénat, revendique le droit de proposer le nom qui sera finalement choisi par le président congolais.

« Pressions venues de l’étranger »

Le nom d’Albert Yuma, le patron de la Gécamines qui avait les faveurs de Kabila, est resté plusieurs jours sur la table. Mais devant le refus catégorique de Tshisekedi, l’ancien président congolais s’est résolu à proposer une alternative.

« Le président Tshisekedi est soumis à des pressions venues de l’étranger. Des gens qui savent que si Albert Yuma est nommé à la primature, le nouveau Code minier sera rigoureusement appliqué. Et ils ne veulent pas de cela », estime un haut cadre du FCC, sous couvert d’anonymat.

De fait, Albert Yuma, président du Conseil d’administration du géant minier congolais et président de la Fédération des entreprises du Congo (FEC), est un fervent partisan du Code minier promulgué en mars 2018, qui a débouché sur un bras de fer entre l’État congolais et les sept grandes sociétés minières mondiales (Randgold, CMOC et Glencore entre autres).

Un consensus sur un nom de Premier ministre a-t-il été trouvé lundi ? « Non », assurent plusieurs sources. Les discussions devraient donc se poursuivre.

En trame de fond, c’est la question de l’équilibre des pouvoirs entre les pro-Tshisekedi et les pro-Kabila qui se joue. D’un côté, on accuse Félix Tshisekedi de chercher à « trahir » l’accord conclu avec l’ex-président. De l’autre, on reproche à Joseph Kabila de ne laisser aucune manœuvre à son successeur

D’après des sources proches de Félix Tshisekedi, plusieurs autres points étaient à l’ordre du jour comme par exemple la mise en place et le fonctionnement des institutions issues des élections.

Il a été également question de l’élection du bureau définitif de l’Assemblée nationale prévue ce mardi 23 avril. Le Front commun pour le Congo de Joseph Kabila et Cap pour le changement de Félix Tshisekedi présentent d’ailleurs un ticket commun à la tête de la Chambre basse du Parlement, qui est dominée numériquement par le camp Kabila.

Par Jeune Afrique 

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