Journée Mondiale de Lutte contre le Sida : Le danger persiste
Le taux de séroprévalence va decrescendo. Cependant, le ministère de la Santé Publique et de la Lutte contre le Sida (MSPLS) regrette que de nouveaux cas de Sida soient toujours détectés. Il informe que les citadins, les jeunes et les femmes sont les plus menacés
« En 2007, une étude de séroprévalence a révélé que 3, 7 % étaient séropositifs de la population. Trois années après, une autre étude a montré que 1, 4 % de la population nationale était séropositif. En 2017, une autre étude a estimé 0, 9 % de la population générale comme séropositifs », déclare Richard Manirakiza, directeur-adjoint du Programme National de Lutte contre le Sida (PNLS).
Même si le taux de séroprévalence est de moins 1 % au niveau national, M.Manirakiza précise que celui-ci reste élevé si on tient compte des populations clés. Il affirme qu’il y a des catégories plus exposées que les autres, entre autres les agglomérations urbaines. Pour M. Manirakiza, le taux de séroprévalence y est trop élevé par rapport au monde rural. Par exemple, témoigne-t-il, le taux de séroprévalence en milieu urbain est de 2,5 % alors que dans le monde rural, ce taux est de 0,7 %.
D’après les statistiques fournies par une étude de 2017, le taux de séroprévalence est élevé au sein du sexe féminin, fait remarquer M.Manirakiza. Il est de 1,2 % pour le sexe féminin alors qu’il est de 0,6 % pour le sexe masculin. La tendance est, selon M. Manirakiza, vers la féminisation et l’urbanisation de la pandémie.
Une variation de la séroprévalence selon les provinces
Selon les données du troisième Enquête Démographique et de Santé au Burundi (EDSB 2016-2017), le taux de séroprévalence varie d’une province à l’autre. Il est de 2,6 % dans Bujumbura-mairie, 2 % à Gitega, 1, 9 % à Mwaro, 1,2 à Rumonge, 1,1 % à Kirundo, 0,9% à Kayanza, 0,9% à Cibitoke, 0,9 % à Bujumbura rural, 0,8 % à Bubanza, 0,6 % à Bururi, 0,5% à Karusi, 0,5 % à Muyinga, 0,4 % à Makamba, 0,4 % Muramvya, 0,3 % à Cankuzo, 0,3 % à Ruyigi, 0,2% à Ngozi et 0,2 % à Rutana.
Les populations clés et les jeunes en proie au Sida
D’après toujours l’EDSB 2016-2017, le taux de séroprévalence chez les travailleuses du sexe (TS) est de 21,3%. Il est de 3 % chez les détenus, 4, 8 % chez les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (HSH), 10,2% chez les Usagers de Drogue Injectable (UDI) en mairie de Bujumbura selon une étude réalisée en 2017, 3,8% chez les clients des travailleurs du sexe, 5,2% chez les partenaires des TS.
Quant aux jeunes, la séroprévalence chez les jeunes de 15 à 24 ans est de 0,3% chez les jeunes filles tandis que chez les jeunes garçons, elle est de 0,1%.
Plus à la lutte, mais à l’élimination
En matière de Sida, Richard Manirakiza rappelle qu’on n’est plus dans la lutte, mais plutôt dans l’élimination. Pour ce, explique le directeur-adjoint du PNLS, le Burundi s’est joint aux autres nations du monde dans la stratégie « fast track » d’ici 2020. Celle-ci consiste à accélérer la réponse au VIH/Sida, c’est-à-dire à atteindre 90% de personnes dépistées, 90 % de personnes sous traitement ARV et 90 % de personnes ayant une charge virale indétectable.
Toutefois, il informe que de 2015 à 2018, on est dans un sous-ensemble de « fast track » qui est le « super fast track ».
Le super fast track a trois catégories, selon toujours M.Manirakiza, la première étant la start free. Ce qui signifie l’élimination des nouvelles infections à VIH chez les enfants (0-14 ans) en réduisant le nombre d’enfants nouvellement infectés chaque année. La seconde étape est la Stay free qui signifie la reduction du nombre de nouvelles infections à VIH chez les adolescents et les jeunes femmes (10-24 ans).
Et enfin l’Aids free, c’est-à-dire fournir un traitement antirétroviral à 2654 enfants en 2015 et à 5 900 enfants de -15 ans en 2020 et à 2205 enfants en 2015, à 3s165 adolescents de 15 à 19 ans en 2020 au Burundi.
Une autre mesure pour atteindre l’objectif 90, 90, 90 est l’adoption des nouvelles directives de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) 2015 sur l’utilisation des Antirétroviraux (ARV) pour la prévention et le traitement du VIH : test and treat. Ainsi, dès qu’on est dépisté séropositif, on est directement mis sur le traitement.
Ainsi, annonce M.Manirakiza, comme le gap n’est toujours pas atteint pour le 90, 90, 90, le ministère de la Santé a élaboré un plan de rattrapage. Celui-ci étant un document de plaidoyer. Pour éclairer cela, il fait savoir par exemple qu’en 2017, les personnes vivant avec le VIH étaient estimées à 82 664. Parmi celles-ci, 62 511 ont été suivies et 11887 n’ont pas été suivies. Egalement, 60 115 sont sous ARV et 6 843 ne le sont pas. 24 00 5 personnes ont été supprimées au lieu de 36 340.
Le dépistage, un seul moyen de connaître l’état de santé
Pour atteindre l’objectif du fast track, le premier 90 (le dépistage) reste primordial, d’après M. Manirakiza. Pour mieux le faire, il signale qu’on n’emprunte plus la voie du dépistage de masse.
Maintenant, souligne-t-il, on fait recours au dépistage indexé (cibler les catégories à risque), au dépistage en stratégie avancée (pour les catégories de personnes qui ne viennent pas vers les structures sanitaires), à l’Auto test (test oral), au DIP (dépistage initié par le prestataire), au DIB (dépistage initié par le bénéficiaire), au dépistage précoce des enfants exposés et au dépistage du VIH et de la Syphilis chez la femme enceinte.
Tout cela a été présenté à l’occasion de la célébration de la Journée Mondiale de Lutte contre le Sida le 1er décembre. Cette année, elle est célébrée sous le thème : « Je connais mon statut sérologique. Et toi ? » .