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Kabila alerte sur l’effondrement imminent de la RDC sous le ’régime tyrannique’ de Tshisekedi
L’ex-président Joseph Kabila a adressé une critique virulente à l’administration de Félix Tshisekedi, mettant en garde contre un effondrement imminent de la République Démocratique du Congo sous ce qu’il qualifie de "régime tyrannique".
Dans un article d’opinion approfondi publié dans le Sunday Times sud-africain, Kabila évoque l’optimisme éphémère de 2019, lorsque la RDC a célébré sa première transition pacifique du pouvoir, avant de voir cet espoir se dissiper sous la direction de Tshisekedi.
« Au début de 2019, l’Afrique et le monde ont salué la première transition pacifique du pouvoir en République Démocratique du Congo », a écrit Kabila. « Cependant, cet élan a rapidement été brisé, car le président Félix Tshisekedi a vite démantelé l’accord qui avait permis cette transition. »
Depuis lors, Kabila affirme que le pays s’est enfoncé dans la dégradation, avec une guerre persistante qui menace non seulement la RDC, mais également la stabilité de l’ensemble de la région.
Kabila souligne l’escalade du conflit dans l’est de la RDC, notamment la résurgence du groupe rebelle M23 depuis 2021, qu’il considère comme le symptôme de défaillances profondes et structurelles. Il rejette la version du gouvernement qui réduit la crise aux seules actions du M23 ou aux tensions avec le Rwanda, la qualifiant de « trompeuse ».
Au contraire, Kabila insiste sur le fait que « La crise est multiforme. Elle ne se résume pas à une urgence sécuritaire et humanitaire, mais englobe également une crise politique, sociale et éthique. »
Il critique également le « démantèlement systématique du Pacte Républicain » par Tshisekedi, celui-là même qui avait donné naissance à la constitution de 2006 issue du dialogue de Sun City.
« Le pacte avait posé les fondations de la stabilité, permettant au pays de sortir de longues années de guerre civile, de se réunifier, de tenir des élections démocratiques et d’assister à sa première transition pacifique du pouvoir », rappelle-t-il.
Cependant, sous la présidence de Tshisekedi, ces avancées ont été annulées par « la violation de la constitution, les élections frauduleuses de décembre 2023 et la concentration du pouvoir absolu. »
L’ex-président accuse Tshisekedi d’avoir précipité la RDC dans un « profond recul démocratique », où l’opposition politique est réduite au silence par « intimidation, arrestations arbitraires, exécutions extrajudiciaires et exil forcé de politiciens, journalistes et leaders religieux. »
Sur le plan économique, il alerte sur le fait que « la dette nationale, qui avait été stabilisée en 2010, a à nouveau explosé, suscitant de vives inquiétudes quant à l’avenir financier du pays. »
Kabila affirme que les solutions purement militaires, comme celles soutenues par la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADC), ne sauraient résoudre la crise sans traiter ses causes profondes.
« Toute tentative de résoudre la crise sans s’attaquer à ses causes profondes, c’est-à-dire les échecs de gouvernance sous Tshisekedi, sera vouée à l’échec », écrit-il. « Les violations des droits de l’homme, les atteintes à la constitution et les répressions militaires contre les civils continueront, même si des négociations avec le Rwanda aboutissent ou si le M23 est défait militairement. »
Il appelle la SADC et la communauté internationale, en particulier l’Afrique du Sud, à réévaluer leur approche.
« Compte tenu des histoires de ses États membres, la SADC doit prendre conscience de cette réalité », affirme Kabila. « Les griefs du peuple congolais à l’égard de leur gouvernement doivent être entendus et traités. Sinon, le pays se verra plonger dans une instabilité politique persistante, une insécurité accrue, une fragilité institutionnelle et, potentiellement, une nouvelle guerre civile. »
Kabila soutient que le conflit actuel ne pourra être résolu que par une réponse globale et plus profonde.
« Une solution durable nécessite bien plus que du soutien militaire, elle exige des efforts concrets pour restaurer la démocratie, la paix et la stabilité. Gaspiller des ressources pour maintenir un régime dictatorial ne fait que prolonger les souffrances du peuple congolais. »
« La communauté internationale, en particulier l’Afrique du Sud, doit se prononcer : continuera-t-elle à soutenir un régime tyrannique ou à défendre les aspirations démocratiques du peuple de la RDC ? »
Kabila, qui a été le quatrième président de la République Démocratique du Congo de 2001 à 2019, fait ces déclarations quelques jours après que Tshisekedi l’ait accusé de soutenir les rebelles du M23 pour déstabiliser le pays.
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