Karusi : Méga SSD fermé, les prix des boissons s’envolent
Les prix des produits Brarudi ont été revus à la hausse dans la province de Karusi, depuis fin décembre dernier. La fermeture du Méga SSD locale en serait à la racine.
Théodosie Cishahayo, est la représentante du Méga SSD Karusi. Cette veuve, quinquagénaire, habitant à Karusi depuis 1990, affirme que le gouverneur de la province de Karusi a fermé le méga SSD, le 20 décembre 2018.
Mme Cishahayo dit que les accusations à son encontre, notamment la fermeture du méga SSD à quatre reprises et la fourniture des boissons Brarudi en dehors de sa zone de fourniture, sont sans fondement. « Chaque fois qu’il y a carence des produits Brarudi, on m’accuse de les avoir fournis ailleurs, ce qui est faux et archifaux ».
Elle indique que plus de 6000 caisses pleines de boissons sont enfermées dans le méga SSD, en plus de son camion qui a été saisi par le commissaire provincial de la police, depuis le 5 novembre. Son « crime » serait qu’elle n’est pas native de cette province. « Je suis originaire de la province de Muramvya, mais toutes mes propriétés sont à Karusi».
Elle demande au gouverneur de la province de lui accorder la permission de rouvrir ce méga SSD :«J’ai essayé de décrocher une audience auprès du gouverneur de la province, à plus de deux reprises, en vain. »
Dans une correspondance adressée au Directeur Général de la Brarudi, le 16 novembre 2018, le gouverneur de la province de Karusi, Calinie Ndabarushimana, avait demandé à la direction de la Brarudi de trouver une solution rapide et durable aux questions et desiderata soulevés par les vendeurs des produits Brarudi concernant la représentante du méga SSD Karusi.
Elle fait allusion « au délit »commis par Mme Cishahayo, le 4 novembre 2018. Elle aurait fourni des produits Brarudi dans une zone où elle n’était pas autorisée, une accusation que Mme Cishahayo balaie du revers de la main. Et d’expliquer : « Le gouverneur souhaiterait que le méga SSD Karusi soit représenté par celui ou celle qu’elle veut.» Elle évoque un certain Aimable, le représentant des vendeurs au niveau provincial parmi d’autres.
Dans sa correspondance du 18 décembre dernier, la BRARUDI reconnaît Théodosie Cishahayo comme représentante du mégaSSD Karusi. « C’est en cas de violation du contrat que nous pouvons décider si elle est suspendue ou prendre d’autres mesures », peut-on lire dans cette réponse du directeur des ventes.Et de conclure : « En cas de litige entre le méga SSD Karusi et ses membres, nous demandons à ces derniers de se rendre à la Brarudi. Nous nous engageons à répondre aux préoccupations de toute personne qui se confiera à nous.»
Une décision lourde de conséquences
Après la fermeture de ce méga SSD, des grossistes des produits Brarudi s’approvisionnent dans les provinces de Gitega et Muyinga, entraînant l’envolée des prix de ces boissons. Et ce d’autant que le carburant se fait rare, ces temps-ci.
Dans les bars visités, la limonade Fanta coûte 800 Fbu, alors que le prix fixé par la Brarudi est de 700 Fbu. L’Amstel bock s’achète entre 1300 et 1500 BIF, alors que son prix est 1200 BIF. Celui de la bière Primus 72 cl passe de 1500 BIF pour osciller entre 1.700 Fbu et 1800 Fbu. L’Amstel 72 cl coûtant officiellement 1.800 BIF s’achète entre 2000 et 2200 BIF. D’autres ont dû fermer pendant quelques jours.
M.P.,un propriétaire d’un dépôt qui s’approvisionnait au mégaSSD Karusi,confie qu’il a été contraint de fermer son dépôt et son bar. « Je suis responsable de six enfants orphelins. Je ne pouvais plus facilement avoir des boissons. »
Les travailleurs de ce méga SSD en font les frais. M.S. raconte que ses trois enfants ont été renvoyés de l’école, suite au manque de frais scolaires.
« Je vivais du chargement et déchargement des camions dans ce méga.Je ne suis plus en mesure de subvenir aux besoins de ma famille et d’assurer la scolarité de mes enfants », lâche-t-il d’un air affligé.
Nous avons tenté d’obtenir l’éclairage du gouverneur sur la fermeture du méga SSD Karusi. Elle nous a opposé, via Innocent Ntirampeba, son conseiller principal, une fin de non-recevoir.