En 2018, plus de 113 millions de personnes dans 53 pays étaient au bord de la famine, particulièrement en Afrique, indique un rapport publié ce mardi à Bruxelles en prélude à une réunion d'experts de haut niveau sur le sujet.
Les chocs climatiques et les conflits resteront les premières causes de ces crises alimentaires dans le monde en 2019, d'après plusieurs agences de l'ONU et des bailleurs de fonds internationaux.
L'Afrique affectée de manière "disproportionnée"
Le Yémen, la République démocratique du Congo, l'Afghanistan, l'Ethiopie, la Syrie, le Soudan, le Soudan du sud, et la partie nord du Nigéria étaient les huit pays les plus touchés par une malnutrition aiguë, selon le rapport. Il étudie en détail chaque année depuis trois ans la cinquantaine de pays qui peinent le plus à nourrir leur population. L'Afrique est affectée de manière "disproportionnée" par la faim aiguë, explique le texte.
"Combinés, ces huit pays/régions comptaient près de 72 millions de personnes ayant besoin d'aide alimentaire et de moyens de subsistance urgemment", assure le rapport. A eux huit, ils concentrent 64% des personnes au bord de la famine dans le monde.
"Jusqu'à 80% des populations" des pays au bord de la famine "dépendent de l'agriculture" déclare Dominique Burgeon, chef des urgences de l'Agence des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture. "Il faut leur apporter à la fois une aide humanitaire d'urgence pour se nourrir et des moyens d'existence en relançant l'agriculture" et la production d'aliments, selon lui.
74 millions de personnes touchées par les conflits
Les conflits sont restés la cause principale de l'insécurité alimentaire en 2018: environ 74 millions de personnes, soit les deux tiers de la population totale confrontée à la faim aiguë, étaient basées dans 21 pays ou territoires en guerre. Un chiffre qui reste stable par rapport à 2017.
Pour 2019, le rapport alerte sur la situation des pays voisins de conflits, qui accueillent massivement des réfugiés, et se retrouvent à leur tour en fragilité alimentaire.
"En particulier en Egypte, en Jordanie, au Liban et en Turquie où sont accueillis des réfugiés syriens, au Bangladesh où arrivent des Rohingyas venus du Myanmar, en Ouganda qui héberge des réfugiés du Soudan du sud et de la République démocratique du Congo, au Cameroun, au Kenya et au Burundi où parviennent les réfugiés de République centrafricaine et de RD Congo, en Colombie, en Equateur et au Pérou où affluent les migrants vénézuéliens" indique le rapport.
Des milliers de Kenyans menacés de famine depuis La région du nord du Kenya souffre souvent de pénuries alimentaires et, à l'instar de ses voisins éthiopien et soudanais, la sécheresse entraîne régulièrement une perte de récolte.
Il cite également "les pays autour du lac Tchad en Afrique où se réfugient "les populations chassées par les violences liées à Boko Haram".
Légère baisse en 2018, une remontée en 2019?
Le nombre de personnes dans une situation proche de la famine est dramatique, mais légèrement en baisse par rapport aux données de 2017, qui donnaient 124 millions de personnes confrontés à une faim aiguë, dans 51 pays.
"Ce recul du chiffre absolu est un épiphénomène" a toutefois relativisé Dominique Burgeon, "dû à l'absence du phénomène météo El Nino, qui avait beaucoup affecté les récoltes en Afrique australe et en Asie du sud-est en 2017". "En raison des violents cyclones et ouragans au Mozambique et au Malawi cette année, on sait déjà que ces pays-là seront dans le rapport de l'an prochain" a-t-il prédit.
Le Venezuela, pour lequel les données fiables manquaient jusqu'à présent, devrait également être déclaré en état de crise alimentaire en 2019, estime Dominique Burgeon en se disant "préoccupé" par la hausse "importante et significative" de la pauvreté dans ce pays frappé par une émigration massive
Source AFP