avr
25
2021

La colère du lac Tanganyika

Tanganyika-2018.jpg

Le lac Tanganyika a commencé à avertir en 2018.

Depuis février 2021, la montée des eaux du lac Tanganyika s’est accélérée. Les plages, les habitations, les infrastructures publiques … sont déjà inondées. Les autorités ont déjà lancé l’alerte. Des centaines de riverains ont déjà déménagé. Les experts environnementaux craignent le pire. Iwacu a fait le point.

Effets des changements climatiques, de la pression démographique, l’action de l’homme, etc., sont entre autres causes de la montée des eaux du lac Tanganyika observée depuis 2018. « Cela ne devrait pas nous surprendre que le Burundi ne soit pas épargné par les effets du changement climatique en marche aujourd’hui », explique Jean-Marie Sabushimike, expert en matière de gestion des catastrophes.

Ce professeur d’Université indique que les facteurs déclenchants sont les fortes pluies observées dans la sous-région. Il pointe aussi le mauvais aménagement du territoire. Et là, l’expert souligne que c’est l’homme qui est responsable. « Pourquoi les gens ont-ils construit dans des zones comme Kibenga, Kajaga, … ? » Vu la topographie des lieux, il estime que ces espaces sont normalement inconstructibles.

De son côté, Tharcisse Ndayizeye, un autre expert environnementaliste souligne que cela est aussi lié à la situation géographique du lac et de la ville de Bujumbura. « Nous sommes au fond du bassin. » D’après lui, des alluvions et des quantités importantes de terres venant des montagnes surplombant la ville finissent dans le lac. Et dans les Mirwa, il y a une forte concentration humaine. « Ils construisent, cultivent avec des aménagements agraires qui ne respectent pas les normes environnementales. » Il évoque aussi des quantités importantes de déchets produits dans la ville de Bujumbura. « Leur destination finale, c’est le lac. » Bref, si le fond du bassin est plein de déchets, de sachets, du sable … l’eau du lac va inévitablement monter, conquérir d’autres espaces.

L’expert Ndayizeye lui aussi lie la montée des eaux du lac aux effets du dérèglement climatique. Ce qui a conduit à la perturbation pluviométrique : « Avant on connaissait 8 à 9 mois de précipitations, maintenant nous avons 5 à 6 mois. Or, la quantité n’a pas diminué. Celle qui devait tomber dans un mois peut l’être dans un jour ou deux jours. »

Pour sa part, Augustin Ngenzirabona, Directeur Général de l’Institut géographique du Burundi (IGEBU) ajoute le cas de la rivière Lukuga, émissaire du lac Tanganyika. « Elle est aujourd’hui incapable d’évacuer les eaux en grande quantité provenant du lac. Car, elle est presque maintenant débordée. » Selon lui, cette montée est liée aux fortes précipitations enregistrées dans la sous-région qui entraînent des crues et l’érosion. Il signale que selon les données de son institution, l’année 2021 ressemble à 1964 au point de vue pluviométrique.

S’exprimant dans une conférence de presse, ce lundi 19 avril, il a rappelé le caractère cyclique de la montée des eaux du lac. « En 1878, le niveau du lac a atteint la hauteur de 783,35 mètres. A cette époque, les endroits où se trouvent l’aéroport et le port de Bujumbura étaient occupés par le lac Tanganyika et l’eau arrivait également à la 7ème avenue de la zone de Buyenzi et à la RN3. »

https://www.iwacu-burundi.org/longform/la-colere-du-lac-tanganyika/

 

Langues: 
Thématiques: 

Partager