La famille de feu Cyprien Ntaryamira sort de son silence
Le Burundi a commémoré, ce 6 avril, le 23ème anniversaire de la mort du successeur de Melchior Ndadaye. Sa veuve demande qu’il soit élevé au rang de héros de la paix.
« Un acte de reconnaissance.» C’est ce que Sylvane Ntaryamira demande au peuple burundais. Elle souhaite que les Burundais saisissent l’ampleur de l’amour pour la patrie et le sacrifice de son défunt mari. « Cela servira de tremplin pour les jeunes générations en manque de héros, de symbole. »
Selon elle, son mari n’a pas demandé à être président. Après l’assassinat du président Ndadaye et du président de l’Assemblée nationale de l’époque, la chambre basse du parlement s’est convenue sur la personne de Cyprien Ntaryamira pour occuper le fauteuil présidentiel. « Accepter de prendre les rênes du pays avec le chaos et la désolation qui régnaient à cette époque n’était pas chose facile, » fait remarquer Sylvane Ntaryamira, avant et d’insister : « Cela prouve la forte personnalité, la détermination de mon mari pour œuvrer pour un Burundi paisible et démocratique. »
La veuve du président se souvient des tracts répandus dans la capitale à la veille du sommet des chefs d’Etat de la région en Tanzanie. Ces tracts faisaient allusion au prochain assassinat du président s’il s’y rendait. « J’avais peur, mais il a bravé la mort. Il était prêt à tout donner pour son pays. »
Concernant les démarches entreprises par la famille du défunt pour savoir la vérité sur ce qui s’est passé, celle-ci parle d’une correspondance adressée en 1999 au Secrétaire Général de l’ONU. Elle demandait la mise en place d’une commission d’enquête internationale pour que la vérité sur le crash éclate. « Jusqu’ici, il n’y a pas eu de suite à ma requête», fait savoir Sylvana Ntaryamira. Elle demande au Gouvernement burundais de prendre le relais en soumettant cette demande aux Nations unies. La famille du défunt doute de la capacité de la Commission vérité et réconciliation quant au fait de mener de véritables enquêtes. « Le président Ntaryamira a été assassiné à l’étranger. C’est pourquoi une enquête internationale est de mise.»
Par ailleurs, selon les sources proches des familles des deux ministres disparus dans ce crash, celles-ci ont porté plainte contre X en France.
Le crash du 6 avril 1994
Le président Cyprien Ntaryamira rentre du sommet des Chefs d’Etat, à Dar-es-Salaam, sur la paix et la sécurité dans la région des Grands Lacs en général et au Burundi en particulier. Le jet présidentiel burundais est en panne. Le président rwandais Juvénal Habyarimana l’invite alors à bord de l’avion rwandais. Il s’empresse d’accepter. Il n’est pas le seul Burundais à bord. Deux ministres sont avec lui. Il s’agit de Bernard Ciza et Cyriaque Simbizi.
Alors que l’avion amorce son atterrissage à l’aéroport international de Kanombe, l’appareil est pulvérisé par un missile sol-air au-dessus de Kigali au Rwanda. Les deux présidents ainsi que tous les autres passagers périssent.