La force militaire EAC dans le labyrinthe Est RDC
L’Est de la RDC est un champ de bataille des groupes armés variés aux objectifs complexes depuis plusieurs décennies.
Les CODECO en Ituri, les ADF qui ont fait allégeance a « l’Etat Islamique » à Beni et ses environs, les FDRL, décrétés groupe terroriste par les nations unies dans le Masisi, Rutshuru et Kalehe, les Mai Mai avec des versions à l’infini, la rébellion Burundaise « RED Tabara » dans la plaine de Rusizi, Fizi ; pour ne citer que ceux-là.
Au dernier comptage, l’Est du Congo compte plus de cent vingt groupes armés.
L’état d’urgence décrété par le Chef de l’Etat, Felix Tshisekedi dans les deux provinces de l’Ituri et du Nord Kivu, l’accord avec l’Ouganda pour venir combattre les ADF, la présence de la Monusco et de sa brigade d’intervention rapide n’ont pas améliorer les conditions sécuritaires à l’Est du pays.
Les FDRL, alliées naturels des FLN de Rusesabagina restent capables de mener des attaques répétées au Rwanda. Les réseaux des soutiens qui sont à l’étranger resté très actifs.
Le procès de Rusesabagina avait établi qu’ils recevaient des financements des personnes vivant en occident et des montants ont été révélées à l’audience.
La résurgence du M23 découlant de l’absence de progrès dans la mise en œuvre des accords de Nairobi du 12 décembre 2013 a remis à l’ordre du jour la situation sécuritaire dans cette partie du pays.
Le M23 se renforce en armes et munitions grâce au marché qu’il passe avec les officiers supérieurs des FARDC quand il ne les ramasse pas après la fuite des militaires congolais.
Le gouvernement congolais accuse le Rwanda de soutenir ce mouvement et en veut pour preuve la capture de deux militaires rwandais.
Le mécanisme conjoint de vérification élargi indique pourtant que les deux militaires avaient été arrêtés longtemps avant. Cette assertion est confirmée par le rapport du groupe des experts des nations unies du 12 juin 2022.
Le 20 juin 2022, les Chefs d’Etats des pays membres d’EAC réunis à Nairobi ont décidés de l’envoi d’une « force militaire régionale » pour rétablir la paix à l’Est de la RDC.
Mais cette partie du pays est un véritable labyrinthe militaire.
Comme dit plus haut, on y dénombre plus de cent vingt groupes armes.
Mais il y a déjà des forces militaires présentes et opérationnelles à l’Est de la RDC.
La Monusco, Sokola I et II, USHUJAA. Sans oublier que les provinces du Nord Kivu et de l’Ituri sont sous administration militaire pour raison de l’état de siège.
La cohabitation de toutes ces composantes militaires posera des sérieuses difficultés de cohabitation et d’opérationnalité.
L’opinion publique congolaise est vent debout contre l’envoi de cette force. Le gouvernement congolais a obtenu l’exclusion du Rwanda au prétexte de « son soutien au M23 ».
Les députés de la majorité se sont écharpés sur cette question très sensible politiquement. Pour des raisons d’intérêts divergents, certains des hommes politiques, des militaires hauts grades et des commerçants influents sont opposés à l’envoi de la force régionale.
Et ils entrainent dans leur sillage la société civile facilement manipulable avec une rhétorique « nationaliste ».
Celle-ci multiplie des manifestations publiques contre le déploiement de la force régionale. Pour dénoncer la « présence des militaires des pays agresseurs » le Rwanda en tête.
Le Président de l’Assemblée Nationale est allé jusqu’à menacer de ne pas ratifier les accords.
En effet, dans le processus juridique, il manque encore un acte législatif de ratification de l’adhésion de la RDC à la EAC.
Face au labyrinthe sécuritaire à l’Est de la RDC, Cette opération a du plomb dans l’aile.
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