La pénalisation de la mendicité, une « fausse solution »
Le projet de loi portant révision du code pénal institue des peines contre la mendicité et le vagabondage. Certaines voix suggèrent plutôt de s’attaquer aux causes.
Adopté, lundi 30 octobre, par les députés, ledit projet de loi, dans son article 526, stipule : « Toute personne valide qui exploite la charité comme mendiant de profession ou celle qui, par fainéantise, ivrognerie ou dérèglement de mœurs, vit en état habituel de mendicité, est punie de quatorze jours à deux mois de servitude pénale et d’une amende de cinq à dix mille ou d’une de ces peines seulement. »
Dans son article 527, il évoque l’exploitation de la mendicité. Et l’article 528 indique les sanctions y relatives: « L’exploitation de la mendicité est punie de trois à cinq ans de servitude pénale et d’une amende de cent mille à cinq cents mille francs burundais ou d’une de ces peines seulement. » Et lorsqu’elle est commise à l’égard d’un mineur ou de plusieurs personnes, la punition est de cinq ans à dix de servitude pénale et d’une amende de cent mille à cinq cents mille Fbu.
Ces peines valent aussi vis-à-vis d’une personne avec une particulière vulnérabilité due à son âge, à une maladie, à une infirmité, à une déficience physique ou psychique, etc.
Idem lorsque l’exploitation de la mendicité est commise par un ascendant légitime, naturel ou adoptif de la personne qui mendie ou par une personne qui a autorité sur elle ou abuse de l’autorité que lui confèrent ses fonctions.
Le même article ajoute que cette peine est également appliquée lorsque cette infraction est commise par plusieurs personnes agissant en qualité d’auteurs ou de complices sans qu’elles constituent une bande organisée.
Et si les auteurs agissent en bande organisée, la sanction passe de 10 à 15 ans de prison et d’une amende de cent mille à cinq cents mille Fbu.
Quant au vagabondage, il est aussi couvert par le code pénal, dans son article 525. Est considéré comme vagabond « toute personne errant sans profession ou métier, dépourvu de moyens de subsistance et sans domicile certain. » Elle sera désormais punie d’un emprisonnement de quatorze jours à deux mois et d’une amende de cinq à dix mille Fbu ou d’une de ces peines seulement. »
« Au lieu de les réprimer, il faut les assister »
« En prison ? Au moins là, l’Etat va nous donner à manger, nous soigner et nous aurons une place pour dormir », réagit un mendiant croisé devant la Paroisse Saint-Michel. Cet orphelin estime qu’avant de penser aux sanctions, le pouvoir devrait s’attaquer aux causes de la mendicité. Et un autre mendiant de glisser : « C’est une fuite en avant. Qu’ils nous donnent des capitaux d’abord avant de nous chanter de la prison ».
Pour David Ninganza, de la Solidarité de la jeunesse chrétienne pour la paix et l’enfance au Burundi (Sojepae), il faudrait plutôt en connaître les causes. Il considère les mendiants comme des victimes d’un dysfonctionnement institutionnel et social. « Comment expliquer qu’une personne quitte Ngozi, Kayanza, Karusi … au vu et au su de l’administration, des voisins, pour venir mendier à Bujumbura ? » Il propose de les assister au lieu de les réprimer.
Quid de l’emprisonnement ? « Pour certains mendiants, cela sera une meilleure solution à leurs problèmes » M. Ninganza avance que le gouvernement va leur donner à manger, leur payer l’eau et l’électricité, les soigner, etc. " Etant en prison, ils seront dans de meilleures conditions que de mendier sous un soleil de plomb ou la pluie. "