mai
31
2016

La polygamie est devenue monnaie courante dans la ville de Gitega

La plupart des musulmans de Gitega sont versés dans la polygamie. Non seulement ils rechignent à célébrer le mariage devant l’officier de l’état civil, ils soutiennent que c’est leur droit divin comme le Coran le stipule. Même si  les femmes âgées l’acceptent du bout des lèvres, les jeunes l’accusent et la dénoncent.

Dans la ville de Gitega, la loi d’épouser une seule femme n’est pas parole d’évangile  dans la plupart des familles musulmanes où  un homme marié à plusieurs femmes ne choque pas. La polygamie, autorisée par l’Islam sous certaines conditions, est  devenue monnaie courante.   Même si  les hommes sont toujours tenus pour responsables de cette situation, certaines femmes sont aussi pro polygamie.  A partir des confidences reçues, beaucoup de femmes  n’éprouvent parfois aucune gêne à épouser des hommes déjà mariés parce qu’elles sont financièrement dépendantes de leurs compagnons.

Amina est commerçante  et vit avec ses sœurs et frères de ses parents défunts. Etant partagé entre trois foyers, son mari vient chez elle rarement. D’après cette dame d’une trentaine d’années, elle en a fait un choix de vie.

« Avec mon statut de troisième épouse, je ne vois mon mari que deux fois dans la semaine. Les autres jours, il est chez ses deux autres femmes. Cela m’arrange et me permet de m’occuper de mes frères et sœurs. Je doute fort que j’aurais été aussi heureuse si j’avais à voir mon mari tous les jours», déclare-t-elle. Même son de cloche chez  Salama.

«Les femmes sont trop nombreuses. Il faut accepter la polygamie pour que chaque femme puisse avoir un mari», plaide-t-elle. Elle qui  avait deux fillettes à elle a demandé seulement qu’elle soit installée  loin pour ne pas causer de tort à ses coépouses.

Quant aux hommes, ils soutiennent que c’est leur droit car ils prennent le Coran comme référence. Selon eux, la polygamie diminue le vagabondage sexuel.

«Les monogames  multiplient les maîtresses et entretiennent des  relations avec d’autres femmes», s’en défendent-ils.

Les jeunes  femmes la dénoncent

Dans cette catégorie de femmes, elles refusent  d’accepter que leurs futurs époux soient polygames. Sifa, mère de quatre enfants, se dit écœurée  à la vie de polygamie. Ce qu’elle déplore, c’est que ses enfants ont presque manqué les études. Cet état de chose est dû à un manque de moyens matériels. Ce qui fait que les enfants sont livrés à eux même. Un avis  partagé par Mariamu, une maman d’une vingtaine d’années. Depuis que son homme a pris la seconde femme, c’est pour elle un choc psychologique.  Comme elle le fait savoir, elle est mariée, mais c’est tout comme si elle ne l’est pas.  Elle indique qu’elle se sent ignorée par son mari.

« Il est toujours absent à la maison, s’il apparaît, sa visite se termine toujours par des disputes, ou des fois par des bagarres », ajoute-t-elle.

Subissant également les affres de la polygamie,  madame  Espérance, 28ans, est contre cette pratique qu’elle juge injuste.  A ses yeux, c’est à cause de cette vie de polygamie que son mari n’arrive plus à satisfaire convenablement ses besoins, tant sur le plan financier que sur le plan des relations sexuelles.  

Au niveau de l’administration, la polygamie est décriée et on exige que  cette pratique cesse et que les mariages soient légaux.

« Non seulement la polygamie est contre la loi burundaise, elle est associée  aux disputes incessantes entre les différentes coépouses et des conflits entre les enfants issus sur des mères différentes», déclare Hussein Butoyi chef de zone Gitega où la polygamie est région.

Jean-Noel Manirakiza 

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