La résilience de vendeuses à la sauvette
A l’occasion de la Journée internationale de la Femme rurale célébrée ce vendredi 15 octobre, rencontre avec quelques vendeuses de rue. Un métier auquel elles tiennent malgré de nombreux obstacles.
Nous sommes aux abords de l’aile est de l’ex-marché central de Bujumbura. Judith, mère de six enfants, vend des feuilles de manioc. Originaire de la commune Kanyosha, elle est vendeuse de rue depuis près de cinquante ans.
« C’est souvent difficile car, considérant que nous sommes dans l’illégalité, la police nous traque sans relâche tout en s’en prenant à nos marchandises », raconte-t-elle.
Et d’évoquer les hauts et les bas de son métier. « En 1993, avec le début de la guerre civile, les choses se sont compliquées pour moi ! Mais j’ai essayé de continuer du mieux que je pouvais pour nourrir ma famille ».
En 2013, avec l’incendie du marché central de Bujumbura, le désespoir gagne les vendeuses de rue comme elle. « Certaines d’entre nous ont carrément failli renoncer à exercer ce métier ! Mais je leur ai dit de ne pas lâcher », témoigne Judith.
Pour elle justement, il n’a jamais été question d’arrêter même en dépit de son âge avancé. « Le peu que je gagne m’aide à payer les frais de scolarité de mes enfants. Pour l’un, je dois par exemple débourser 25.000 BIF par trimestre », relate-t-elle.
Aux pouvoirs publics, Judith demande à ce que leur soit aménagé un espace autour de l’ancien marché central. « Il y a moyen d’avoir une grande quantité de choses à vendre mais où les mettre ? Surtout avec la Police qui nous pourchasse nuit et jour ! »
De son côté, T.K est vendeuse de rue depuis une dizaine d’années. Cette mère de neuf enfants vend essentiellement des poireaux. Originaire aussi de la commune Kanyosha, elle explique être seule à faire bouillir la marmite. « Mon mari est sans-emploi. Donc, je me retrouve à devoir prendre seule la charge de nos enfants ! »
Quant aux défis, la jeune dame n’a pas l’air de vouloir s’étaler là-dessus. « Les obstacles existent toujours mais on fait avec ! », dit-elle avec résignation.
Et de demander aux pouvoirs publics et associations de défense des droits des femmes un capital suffisant pour mener à bien leur activité.
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