La santé mentale fait face aux multiples défis
Le 10 octobre de chaque année, le monde célèbre la Journée internationale de la santé mentale. Alexis Hatungimana, coordinateur national, volet communautaire dans le programme d’intégration des soins de santé mentales dans les soins primaires au sein de Thars, relève des défis qui hantent le secteur de la santé mentale au Burundi.
Plusieurs menaces préoccupent les intervenants dans la santé mentale : « Non-accessibilité au service psycho-sociaux communautaire, non-accès aux psychotropes au niveau des structures sanitaires, l’insuffisance des prestataires formés en santé mentale et l’absence de programme approprié dans ce domaine sont des difficultés qui minent la santé d’esprit »
D’après Alexis Hatungimana, les autorités devraient comprendre qu’il y a des problèmes sociaux dans la société. Selon lui, les infirmiers sont là mais ils ne sont pas au service. « Des lauréats qui ont fait la psychologie à l’Institut de santé publique ne sont pas recrutés alors qu’ils sont formés pour être au service des malades », souligne le coordinateur.
Il indique que les maladies mentales sont souvent confondues avec des objets de possession démoniaque ou d’ensorcellement. Et de déplorer : « Les malades mentaux sont stigmatisés et discriminés dans la communauté. Ils sont parfois ligotés et incarcérés alors qu’ils sont malades ».
Les facteurs expliquant la recrudescence des maladies mentales sont nombreux. Selon M. Hatungimana, des Burundais vivent encore dans les séquelles du passé qui n’ont pas trouvé de traitement. Le manque de quoi manger, le chômage, la consommation des stupéfiants, la peur replongée dans le passé, les violences basées sur le genre, le veuvage et l’orphelinage, le stress du quotidien sont à l’origine des maladies psychiques.
D’après lui, les impacts des troubles nerveux sont nombreux. On observe la multiplication des cas de suicide et les séparations familiales. Le manque de vision provoque chez les gens la peur du lendemain et ils s’adonnent au banditisme. Des élèves abandonnent l’école.
Il informe que des maladies mentales réapparaissent encore lorsque le malade a recouvert sa santé. « La pauvreté contraint plusieurs personnes à s’acheter des médicaments. L’absence des prestataires capables d’aider des personnes guéris à surmonter les difficultés d’adaptation quand ils sont en situation de doute ou de difficultés et la non-acceptation des gens guéris dans la société exacerbe la récidive » indique M. Hatungimana.
Ce coordinateur plaide pour la mise en place d’un programme de santé mentale comme le ministère a fait pour la lutte contre le sida. Il exhorte le ministère à faire une priorité la conscientisation et la disponibilisation des prestataires formés. « Il faut passer à la sensibilisation de la population à tous les niveaux du sommet à la base » insiste cet intervenant en santé mentale.
En 2019, une enquête de l’Institut de Statistiques et d’Etudes Economiques du Burundi (Isteebu) a révélé que quatre Burundais sur dix présentaient des troubles psychologiques.
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