fév
04
2020

La Tanzanie menace d’expulser plus d’un millier de réfugiés burundais

Dans le seul camp de réfugiés burundais de Nduta par exemple, la décision  concerne 1028 individus. Ils sont tous arrivés en Tanzanie en décembre 2019.Le responsable de l’immigration dans la région de Kigoma où est installé le camp de Nduta leur a donné vendredi dernier un mois pour quitter le territoire tanzanien. Il a indiqué que l’effectif de ceux qui sont visés par la décision dans les camps de Nyarugusu et Mtendeli,deux autres camps abritant des Burundais n’est pas encore connu. (SOS Médias Burundi)

Remegius Pesambili l’a déclaré au cours d’une brève conférence de presse qu’il a animée vendredi dernier après s’être entretenu avec des réfugiés et leurs représentants.

«Ils n’ont pas le droit d’être réfugiés ou demandeurs d’asile. Et il est impossible qu’ils reçoivent une assistance alimentaire ou sanitaire perce qu’ils ne sont pas reconnus. S’ils ne sont pas reconnus par le ministère en charge des réfugiés, on les met à la disposition de l’immigration qui se charge de les faire retourner chez eux », a-t-il dit avant de leur accorder un délai de grâce d’un mois pour  récupérer leurs affaires.

Il a aussi annoncé que suivra la même campagne pour les autres camps de Nyarugusu et Mtendeli où on ignore encore l’effectif des Burundais n’ayant pas encore eu de statut de réfugiés.

Des Burundais qui ont fui de nouveau vers la Tanzanie ont témoigné à SOS Médias Burundi qu’ils avaient été persécutés suite à leur appartenance à des partis d’opposition.

 La plupart d’entre eux viennent des provinces de Makamba (sud du Burundi) et de Ruyigi (est).

Toutefois, l’officiel tanzanien confirme que la décision est irréversible.  » Voilà les fruits de la bonté de notre pays : des Tanzaniens sont assassinés, d’autres se voient dépouiller  de leurs biens par des bandits ou se font tirer dessus. On ne demande pas la protection après s’être introduit dans un camp de réfugiés, là tu deviens un immigrant clandestin », a tranché le responsable de l’immigration dans la région de Kigoma ( nord-ouest de la Tanzanie).

Plusieurs organisations qui militent pour les droits de l’homme dont Human Rights Watch estiment que les réfugiés burundais devraient plutôt retourner dans leur pays de leur propre gré.

« En novembre ( 2019) Human Rights Watch s’était entretenu avec vingt Burundais qui avaient vécu en Tanzanie particulièrement à Nduta, Nyarugusu et Mtendeli. Treize d’entre eux avaient fui vers l’Ouganda et ont déclaré craindre pour leur vie s’ils étaient forcés de retourner au Burundi. Sept réfugiés ont déclaré être retournés au Burundi entre mars 2018 et juin 2019 dans le cadre du rapatriement volontaire. Quatre d’entre eux ont affirmé que des membres des Imbonerakure leur avaient volé de l’argent et des biens qu’ils avaient reçus du HCR. Et douze ont déclaré avoir quitté de nouveau le Burundi pour se rendre en Ouganda afin d’échapper à l’insécurité au Burundi », a indiqué Lewis Mudge, directeur de Human Rights Watch en Afrique centrale.

L’organisation demande à la Tanzanie d’affirmer publiquement que les réfugiés ne seront pas renvoyés «sous la contrainte » ou « forcés de se faire inscrire en vue d’un rapatriement au Burundi » tout en insistant que  «la Tanzanie doit d’ailleurs respecter ses obligations en matière de protection des réfugiés ».

Toutefois, les autorités tanzaniennes semblent inflexibles.

«Nous ne donnerons plus la permission d’accueillir des réfugiés. Non ça n’existera plus. C’est pourquoi nous avons ordonné aux chefs des camps de ne pas leur  accorder  l’assistance dans les camps. Voilà ils arrivent en familles de six, sept et voire huit enfants. Qu’est ce qui suit maintenant ? Le chef de ménage va sortir pour chercher de quoi faire vivre sa famille et s’associera aux criminels. C’est pourquoi vous remarquez plusieurs attaques armées sur les routes. Après un mois, ce chef de famille nous allons l’arrêter et le rendre à la justice. Il sera emprisonné ou va payer une amende », a prévenu Remegius Pesambili.

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