Le Centre hospitalo-universitaire de Kamenge (CHUK) se vide de ses médecins
Des patients dénoncent une extrême rareté de médecins spécialistes au CHUK. Une réalité que déplore la direction de l’hôpital.
C’est une mère désespérée rencontrée, ce mardi 13 juin, au Centre hospitalo-universitaire de Kamenge (CHUK) communément appelé hôpital Roi Khaled. Elle cherche un ORL pour opérer la langue de son enfant de six mois qui souffre depuis sa naissance. Elle rentre bredouille, la réception lui annonce que le médecin n’est pas disponible. Elle devra y retourner dans trois jours.
Une jeune femme a été garde-malade d’un membre de sa famille hospitalisé à cet hôpital, il y a deux semaines. Il souffrait du cancer du foie. La jeune femme affirme qu’ils ne recevaient que des visites d’infirmiers.
« L’hôpital a évolué, les médecins font des consultations à distance via leurs portables », avançaient les infirmiers, d’après la jeune femme. Cette dernière déplore que le peu de médecins spécialistes exerçant au pays passent la plupart de leur temps dans leurs cabinets privés.
L’hôpital pleure la fermeture du 3ème cycle
Le Dr Leonard Bivahagumye, Directeur adjoint chargé des soins au CHUK, confirme cette carence de médecins, la gynécologie étant le service le plus touché. Il évoque comme raison essentielle la fermeture du 3ème cycle en médecine. « Ce programme de spécialisation, jadis dispensé à l’hôpital Roi Khaled, a été annulé par le gouvernement depuis 2014. » Il évoque également un effectif important de médecins, partis à l’étranger pour des formations, qui n’ont pas été remplacés.
Dr Bivahagumye fait savoir que cette rareté de médecins touche toutes les spécialités : « Au moins un médecin est parti dans chaque spécialité. » Toutefois, il se veut rassurant : « Trois médecins généralistes, deux gynécologues, des médecins vacataires du service des urgences et pédiatrie ont été recrutés. » Et d’ajouter que l’hôpital a demandé la permission de remplacer les médecins partis, la décision du gouvernement de ne plus recruter dans les institutions publiques constituant un frein.
Concernant les consultations par téléphone, Dr Bivahagumye dément catégoriquement : « Cela n’existe pas au CHUK ! » Il reconnaît que des spécialistes consultent dans leurs cabinets privés, mais en dehors des heures de service. Et de préciser qu’ils ont un contrat de cinq demi-journées par semaine au CHUK. « C’est à eux de s’organiser pourvu qu’ils respectent ces cinq demi-journées. »
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