Le CNC impose des sanctions contre RFI pour son interview exclusif avec un défenseur des droits de l'homme en exil
Dans un communiqué de presse publié le 3 juin 2019, le régulateur des médias au Burundi, le CNC, a annoncé l'imposition de sanctions contre Radio France International(RFI).
Cette annonce tombe au lendemain de la diffusion de l’émission « Internationales » sur la RFI, France 24 et le journal Le Monde avec comme invité Marguerite Barankiste, militante des droits de l’Homme en exil et représentante de la Maison Shalom.
«L’invité en exil a visiblement l’intention de ternir l’image du Burundi et ses institutions en procédant par des mensonges, injures graves et outrages à chef de l’Etat», accuse le CNC.
Dans son communiqué, cet organe de régulation des médias burundais dit s’interroger sur les raisons profondes de ce qu’il qualifie de manque de professionnalisme de l’interview.
«Malheureusement les journalistes qui conduisaient l’interview n’ont pas eu le moindre reflexe de poser des questions de contrepoids et le déséquilibre était flagrant en violation de la loi régissant la presse», fait savoir Nestor Bankumukunzi, président du CNC.
Et de rappeler que RFI a déjà deux mises en garde de la part du régulateur des médias burundais. Le CNC parle d’une attitude plutôt récidiviste de la part de RFI.
Signalons que le CNC n’est pas non plus tendre avec les médias privés burundais. Lors de sa présentation du rapport trimestriel de monitoring des médias, vendredi 17 mai, le CNC reproche notamment à la radio Isanganiro et au Journal Iwacu de diffuser des informations non équilibrées. «Nous constatons que des fautes professionnelles persistent, et, parmi elles, il y en a une que nous avons qualifiée d’endémique. C’est le déséquilibre de l’information», accuse Nestor Bankumukunzi
Rappelons également que le Conseil national de la communication a décidé vendredi 30 mars de cette année de prolonger les sanctions touchant la BBC et la VOA depuis mai 2018.
Devenues très actives depuis la vandalisation des radios et télévisions privées au lendemain du coup d’Etat manqué du 13 mai 2015, ces deux radios internationales restent très écoutées au Burundi. Elles ont des programmes en kirundi, la langue nationale du Burundi.
La VOA est suspendue « jusqu’à nouvel ordre ». Le CNC lui reproche d’avoir gardé dans sa rédaction le journaliste Patrick Nduwimana, ancien directeur de la radio Bonesha FM. Il est visé par un mandat d’arrêt international, c’est en rapport avec les violences intervenues juste avant le putsch manqué de mai 2015.
La sanction frappant la BBC est très lourde avec le retrait de son autorisation d’exploitation. Elle est accusée de non-respect de la précédente suspension avec la diffusion d’un documentaire décrié par les autorités burundaises. Elles le qualifient de «calomnieux » pour le pays.