mai
22
2019

Le défi de contenir Ebola en RDC au centre de l’Assemblée mondiale de la santé

Les autorités congolaises ont confirmé ce mardi 21 mai à Genève la complexité de la situation et surtout l’insécurité qui mine le combat contre Ebola dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri. Elles ont fait cette déclaration en marge des travaux de la 72e Assemblée mondiale de la santé (AMS) qui se tient à Genève depuis lundi 20 mai.

Au cours d’une réunion ce mardi du Comité de l’AMS, Kinshasa et les responsables de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont reconnu que le défi sécuritaire complique la lutte contre la propagation du virus à Ebola.

« Ce qui retarde l’élimination cette épidémie, c’est en fait les problèmes liés à l’environnement sécuritaire et à la violence, mais aussi les problèmes internes liés à la riposte », a déclaré Dr Oly Ilunga, ministre de la Santé de la RDC.

Selon le directeur général de l’OMS, la flambée est toujours en cours, non pas qu’ils n’ont pas les outils ou les compétences nécessaires.

Mais « l’épidémie se poursuit parce que nous n’arrivons pas à avoir régulièrement l’accès aux communautés dans lesquelles il faut finir ce travail », a insisté Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Il s’est inquiété du « risque de propagation très élevé » d’Ebola en République démocratique du Congo (RDC). 

« Jusqu’à maintenant, cette flambée ne s’est pas étendue au-delà de deux provinces », a relevé Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, soulignant néanmoins que le nombre de nouveaux cas a fortement augmenté au cours des dernières semaines. 

Selon le chef de l’OMS, cette flambée dans l’Est de la RDC est l’une des situations d’urgence les plus complexes jamais rencontrées par l’organisation. 

« Nous luttons contre un des virus les plus dangereux au monde dans l’une des régions les plus dangereuses du monde », a-t-il dit aux Etats membres présents à la 72e Assemblée de l’OMS, l’organe décisionnel suprême de cette agence spécialisée de l’ONU.

Depuis le début de l’épidémie d’Ebola, qui sévit depuis neuf mois en République démocratique du Congo (RDC), le cumul des cas est de 1.826 cas (1.738 confirmés et 88 probables) et 1.218 décès dont 1.130 confirmés et 88 probables. Même si on est encore loin des 11.000 morts provoqués par une épidémie similaire qui a ravagé le Liberia, la Sierra Leone et la Guinée entre 2014 et 2016, l’évolution de la maladie inquiète.

D’ailleurs le dernier rapport épidémiologique du ministère congolais de la Santé daté du 20 mai 2019 fait était d’une attaque à coups de pierres d'un convoi d'une équipe d’enterrement digne et sécurisée (EDS) survenue au cimetière Kanzunza en ville de Butembo le dimanche 19 mai 2019. Le véhicule de la riposte a été légèrement abîmé et trois policiers ont été légèrement blessés. « Ces derniers temps, les populations riveraines de certains cimetières publics affichent une hostilité face aux équipes EDS qui y enterrent les personnes décédées d’Ebola », souligne le document.

Du coup, cet environnement croissant d’insécurité place les travailleurs sanitaires congolais, les collaborateurs de l’OMS et d’autres organisations dans une situation compliquée.

« Quand on y regarde, la complexité est surtout liée à l’environnement sécuritaire et aux distances, à l’environnement et à la densité de population dans les provinces dans lesquelles nous agissons et à la grande mobilité de la population », relève Dr. Ilunga.

Or lorsque la situation devient très complexe à cause du nombre de cas ou « des problèmes de violence », les nombreux orateurs du Comité A de l’AMS ont plaidé pour un retour à des choses basiques.

D’un point de vue de la santé publique, la réponse consiste à entreprendre autour de chaque cas, une série d’activités pour bloquer la chaîne de transmission du virus. Ces activités de riposte sont regroupées en piliers, allant de la surveillance, à la prévention et contrôle d’infections, au listing des contacts de préparation de vaccination, à la recherche et prise en charge, sans oublier les problèmes de logistique et d’organisation.

Malgré les difficultés dans ce combat contre Ebola, Dr. Ilunga a admis que la riposte a tout de même réalisé « de nombreux succès ». En neuf mois, l’épidémie a été contenue dans deux provinces. « Il n’y a pas eu d’extension vers d’autres provinces de la RDC malgré la grande mobilité de la population », a fait valoir le Ministre de la RDC.

Aux postes de contrôle des points d’entrée, les autorités congolaises ont ainsi examiné plus de « 50 millions de passagers ». L’autre élément important, c’est que Kinshasa a réussi à contenir le virus dans les frontières de la RDC et à épargner les pays voisins grâce surtout à une collaboration transfrontalière.

« Donc sans une riposte efficace, sans les équipes sur le terrain, sans la vaccination, nous serions certainement aujourd’hui en train de parler, non pas de près de 2.000 cas, mais certainement de dizaines de milliers de cas », a indiqué Dr. Ilunga.  

De son côté, la Directrice du Bureau régional de l’OMS en Afrique (AFRO) a salué les efforts consentis par les neuf pays voisins de la RDC, notamment au sujet du dialogue et de la sensibilisation avec les communautés dans toutes les zones à haut risque. A cet égard, 894 alertes ont d’ailleurs été notifiées par les pays avant d’être suivies d’enquêtes. Et pour le moment toutes ces alertes ont été négatives.

 

« Mais nous avons pu détecter au Soudan du sud par exemple, une flambée de fièvre jaune. Ce qui montre que le système fonctionne plutôt bien », a souligné Dr Matshidiso Moeti. Dans ce dispositif, plus de 700 membres du personnel de l’OMS et d’organismes partenaires sont sur le terrain.

En attendant, l’un des défis dans la lutte contre Ebola en RDC pour les organismes humanitaires et les autorités sanitaires congolaises, c’est de continuellement adapter la riposte, la stratégie et tenir compte des leçons apprises. D’autant que Dr Ilunga compare l’épidémie d’Ebola « à un dragon à plusieurs têtes ».

 

By radio okapi 

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