Le gouvernement adopte un projet de révision constitutionnelle permettant à Nkurunziza de se maintenir au pouvoir en 2020
Un projet de révision de la Constitution adopté mardi par le gouvernement prévoit que "le président de la République est élu pour un mandat de sept ans renouvelable". Sans surprise, la société civile s'est insurgée contre ce texte.
C’est un projet de révision de la Constitution très polémique qu’a adopté mardi 24 octobre le gouvernement du Burundi au cours d’un Conseil des ministres extraordinaire. Objectif : permettre au président Pierre Nkurunziza de briguer dès 2020 deux nouveaux septennats, ont confirmé jeudi à l’AFP de hauts responsables burundais sous couvert d’anonymat.
Dans le texte, ce projet de révision de la Constitution prévoit que « le président de la République est élu pour un mandat de sept ans renouvelable », mais ajoute qu’ « aucun président ne peut diriger plus de deux mandats consécutifs ».
L’accord d’Arusha balayé
Cette révision changerait en profondeur la Constitution du Burundi, issue de l’accord de paix signé en 2000 à Arusha et qui avait ouvert la voie à la fin de la guerre civile, responsable de plus de 300 000 morts entre 1993 et 2006.
Elle « ne touche pas aux quotas de 60% de hutus (ethnie majoritaire, 85% de la population), 40% de tutsis (14%) et au moins 30% de femmes au gouvernement et au Parlement, ainsi que les 50-50 dans l’armée et la police, mais ne fait plus référence à l’Accord de paix d’Arusha », a confirmé l’un de ces hauts responsables.
Cet accord, dont l’actuelle Constitution est l’émanation et qui dit clairement qu’aucun président ne peut diriger le Burundi plus de 10 ans, avait pourtant été le cheval de bataille des opposants à la réélection du président Nkurunziza pour un troisème mandat en avril 2015, qui a précipité la crise actuelle.
« Pierre Nkurunziza joue avec le feu »
Sans surprise, le projet de loi a suscité de très vives critiques et inquiétudes. « Pierre Nkurunziza joue avec le feu. Cette révision pourrait causer une nouvelle période d’insécurité dans le pays et provoquer l’irréparable, c’est-à-dire une crise politique qui ne pourrait plus être résolue », estime ainsi Me Armel Niyongere, l’une des principales figures de la société civile burundaise en exil, contacté par Jeune Afrique.
« Nous demandons à l’Union africaine et à la communauté internationale en général d’être vigilante sur ce nouveau projet de loi », ajoute Armel Niyongere, dénonçant une « nouvelle violation de l’accord d’Arusha ».
Un référendum prévu « très rapidement »
Selon un autre haut responsable burundais, le Conseil des ministres a décidé que ce texte serait « soumis à un référendum populaire très rapidement, probablement en février au plus tard ». Ce projet tient compte des propositions formulées par une commission mise en place en mai par Pierre Nkurunziza, après des consultations menées pendant un an auprès de 26000 Burundais, qui avaient notamment montré que la « majorité » de ces personnes avaient en commun « la volonté de supprimer la limite des mandats (présidentiels) », a-t-il stipulé.
Pierre Nkurunziza, au pouvoir depuis 2005 et réélu en juillet 2015 pour un troisième mandat controversé, avait déjà ouvert la voie à un autre mandat. En décembre 2016, il avait laissé entendre qu’il pourrait se représenter en 2020, « si le peuple le demandait ».
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