fév
24
2016

Le Président Nkurunziza exige l’arrêt des discours haineux envers le Rwanda…un leurre selon l’opposition

Le Président Pierre Nkurunziza a demandé aux habitants de la commune Buganda de ne pas dénigrer le pays voisin, le Rwanda. Il a tenu ce discours samedi 20 février 2016 après les travaux communautaires où il était accompagné par Tomas Periello, envoyé spécial des Etats Unis dans la région des grands lacs. Le président de la République avec le diplomate americain, se sont joints à la population de la commune Buganda dans le pavement de deux classes de l’école fondamentale de Munyika.

Pierre Nkurunziza a tenu à « saluer » les efforts que l’Union Africaine et les Etats-Unis fournissent dans la consolidation de la paix et la sécurité dans le pays. Il estime que « malgré cette situation sociopolitique qui pousse beaucoup de gens à créer un mauvais climat entre le Burundi et le Rwanda, la population burundaise a été depuis longtemps marqué par la bonne conduite et cohabitation envers les Rwandais ». Une manière de se démarquer des discours anti-Rwanda et Kagame prononcés par les militants de son parti depuis deux semaines, début des manifestations hebdomadaires lancées par le gouvernement Nkurunziza. Dans ces manifestations, il s’est remarqué des slogans haineux envers le Rwanda et son président Paul Kagame, sur lequel le gouvernement et particulièrement le parti CNDD-FDD jette la responsabilité de la crise en cours, dénonçant Kigali dans une « tentative de déstabiliser le Burundi ».

Pierre Nkurunziza a dit s’inscrire en faux « contre toute personne qui s’oppose au Rwanda, pays voisin et frère ». C’est entre autre les gens qui ont manifesté dernièrement contre le président Rwandais dans presque toutes les provinces du pays, a-t-il indiqué, en signalant que « ces gens doivent être punis selon la loi ».

Ce discours est contradictoire au vu des faits sur le terrain. Alors que le Président Nkurunziza prononçait ce discours à Buganda dans la province Cibitoke, des habitants de la province Kirundo emmenés par des cadres du parti au pouvoir ont manifesté à Gasenyi, localité frontalière au Rwanda. Des slogans anti-Rwanda et anti-Kagame étaient entonnés par les manifestants sécurisés par des agents de la police.

A ce propos, l’un des anciens ténors du parti présidentiel, Léonidas Hatungimana affirme que « c’est le Président Nkurunziza qui est lui-même à l’origine de cette vague de démonstration contre le Rwanda ». Pour le président du nouveau parti PPD, « en demandant des soi-disant poursuites contre toute personne qui a proféré des insultes envers le Rwanda, le président Nkurunziza montre qu’il n’hésitera pas à se défaire de ses alliés actuels le moment venu ». L’ancien porte-parole du président Nkurunziza qui l’a côtoyé durant des années au maquis mais aussi comme haut cadre de l’Etat, il s’agit là d’un avertissement aux exécutants des sales besognes du pouvoir : « demain, lorsque la justice fera son travail, ceux qui tuent, qui torturent, qui kidnappent, qui pillent et brûlent les maisons pour le pouvoir seront les premiers responsables car vous voyez que leur protecteur actuel s’en lavera les mains », déclare Léonidas Hatungimana qui n’hésite pas à déclarer que seul Nkurunziza contrôle les hommes qui agissent contre les opposants au 3ème mandat.

Audifax Ndabitoreye pour sa part qualifie le pouvoir actuel « d’Etat voyou ». Pour cet ancien activiste lors des manifestations contre le 3ème mandat, « le Président Nkurunziza ment lorsqu’il réclame des sanctions contre ceux qui insultent un pays voisin, car voyez-vous-même les images et vous verrez tous les cadres de son gouvernement présents à commencer par le 2ème vice-président Joseph Butore ».

Source : RPA (Radio Publique Africaine)