avr
28
2025

Le Rwanda s’affranchi et la Belgique s’est engluée

Il est tout à fait naturel que la Belgique et le Rwanda soient à ce jour en désaccord profond : ils incarnent deux visions du monde diamétralement opposées, nées d’une lecture radicalement différente du passé et du futur.

Tandis que le Rwanda, sous l’impulsion d’un leadership charismatique et visionnaire du Président Kagame, a affronté sans fard les démons de son histoire et purgé avec courage les séquelles du génocide contre les Tutsi, la Belgique demeure prisonnière de ce passé même dont elle porte, qu’elle le veuille ou non, une part substantielle de responsabilité.

Refusant l’introspection, s’abritant derrière l’illusion confortable de la liberté d’expression pour protéger les thuriféraires du négationnisme, elle tolère sur son sol la présence active des génocidaires et de leurs relais idéologiques.

Les indices sérieux et concordants de la collusion entre certains réseaux belges et les FDLR sont de notoriété publique, de même que le rôle néfaste de pseudo-journalistes et d’intellectuels stipendiés qui nourrissent, depuis la Belgique, le discours de haine ravageant l’Est de la République Démocratique du Congo.

Quant à la commission d’historiens sur le passé colonial, censée être l’exercice cathartique de la Belgique, elle s’est réduite à une mascarade, solennellement illustrée par la restitution pathétique de la seule dent du héros de l’indépendance de la RDC, Patrice Lumumba, reléguée à un geste dérisoire, sans portée ni grandeur.

Après deux années et demie d’intenses travaux voués à sonder les strates multiples de la mémoire collective, la Belgique s’est montrée incapable de forger un consensus politique autour d’un geste aussi élémentaire que la présentation d’excuses aux victimes de son passé colonial.

Ce qui s’annonçait comme une entreprise pionnière sur le continent européen, un modèle de lucidité historique et de réparation morale, s’est tragiquement disloqué au seuil de son accomplissement. A la fin des travaux, la commission ad hoc, privée de ses recommandations pourtant élaborées avec minutie et gravité, s’est effondrée sous le poids des hésitations, des calculs partisans et des renoncements.

Ainsi, au lieu de s’élever au rang d’acte fondateur d’une mémoire apaisée, ce processus s’est achevé dans la stérilité politique, révélant une nation encore prisonnière de ses dénis et de ses ombres.

L’insolence de l’indépendance rwandaise

Qu’un Rwanda autrefois anéanti se soit relevé, qu’il se soit mué en une nation prospère, réconciliée et influente sans demander l’aval de l’ancienne puissance coloniale, constitue, pour certaines sphères belges, un crime de lèse-majesté inavoué. Mais qu’importe : à Kigali, l’on poursuit sa marche résolue sans se soucier des humeurs surannées de la Belgique.

La politique sécuritaire du Rwanda, pensée selon ses intérêts stratégiques propres, ne sollicite ni permission ni indulgence à Bruxelles. Elle s’affirme avec une souveraineté tranquille qui rend caducs les commentaires, aussi acerbes qu’impuissants, des belges englués dans leurs nostalgies coloniales.

Le ministre belge Maxime Prévot, en déclarant être "totalement en désaccord" avec les choix du Rwanda dans l’Est congolais, lors de son passage à Kampala, n’a fait que souligner l’inanité d’une parole belge désormais sans prise sur les réalités de terrain. Que ce ministre sache que ses admonestations font à peine sourire à Kigali, où l’on traite, à Doha et à Washington D.C., les véritables enjeux de la région.

La vacuité du magistère moral belge

La Belgique, qui n’a toujours pas su regarder en face les crimes commis en son nom au Rwanda, ose encore prétendre distribuer des leçons de morale et de bonne gouvernance. Ce prurit donneur de leçons apparaît aujourd’hui d’une insigne vanité, tant il est éclipsé par la réussite tangible d’un Rwanda redevenu maître de son destin.

Les gesticulations diplomatiques belges ne sauraient masquer l’évidence : la Belgique, en matière africaine, n’est plus qu’un acteur périphérique, réduit à commenter de l’extérieur les dynamiques qu’elle ne contrôle plus.

Au fond, le dépit belge traduit une crainte larvée : celle de voir émerger un ordre africain nouveau, affranchi des tutelles anciennes, bâti par des nations fières, lucides, et fermement résolues à tracer leur propre chemin. A cet égard, le Rwanda n’est pas une anomalie ; il est l’avant-garde.
https://fr.igihe.com/Le-Rwanda-s-affranchi-et-la-Belgique-s-est-engluee....

Langues: 
Thématiques: 

Partager