Le transport de tous les dangers dans la ville de Gitega
Dans la ville de Gitega, le déplacement des écoliers sur les taxis- motos ne respecte plus ni le code routier ni le règlement régissant le transport rémunéré. Les parents et les sociétés d’assurance se rejettent la responsabilité.
Sur une seule moto sont assis trois voire même quatre enfants. Tout dépend de la taille et du poids des enfants que le taximan doit déplacer. Eugène est un motard, d’après lui ces enfants sont son gagne pain pour joindre les deux bouts du mois. Comme il l’indique, il ne peut pas déplacer un seul enfant car il travaillerait à perte.
« Dans le contrat que j’ai avec les parents, je dois prendre l’enfant chez lui le matin et le ramener de l’école pour 15000fbu par mois. Dans ce cas à voir le prix du carburant et le coût des pièces de rechange je ne peux pas gagner dans la mesure où je dois être ponctuel », a-t-il souligné.
Quant à Joseph, lui aussi motard, qui déplace les enfants ; il fait savoir qu’il doit transporter plus d’un pour compenser le temps qu’il perd en attendant les enfants à la maison et à l’école.
« J’utilise plus de 30minutes pour aller chez eux et 30 minutes en attendant qu’ils sortent de classe. Dans ce cas si j’utilise tout ce temps pour un seul client bonjour la faillite », a-t-il précisé
Pour les parents qui engagent ces motards, ils assurent qu’ils ne savent pas cette pratique parce ces motards viennent chercher leurs enfants quand ils sont déjà partis au travail.
« Malheureusement aucun d’entre eux ne dit qu’il a un autre contrat. Mais ce qui nous préoccupe le plus c’est que nos enfants aillent à l’école et reviennent à la maison », a indiqué un parent.
Et un autre parent d’ajouter : « C’est Dieu qui garde nos enfants sinon il est difficile de les surveiller. Comme nous n’avons pas de véhicules pour les déplacer nous-mêmes, c’est un mal nécessaire. Seulement, nous les conseillons de ne pas rouler trop vite !»
« Ce transport est trop risqué pour ces enfants ! »
Selon Augustin Nyagato, l’un des gérants des sociétés d’assurance à Gitega, les parents qui laissent ces motards transporter leurs enfants dans ces conditions sont des irresponsables. D’après lui, non seulement ils exposent leurs bambins aux accidents éventuels mais aussi ils ne peuvent pas être indemnisés par les sociétés d’assurance si il leur arrive quelque chose de mal. Comme il le fait savoir, la plupart de ces taxis-motos ne sont pas autorisés à faire du transport rémunéré et encore moins il est strictement interdit de transporter plus de deux personnes sur une moto.
« Si par malchance ce motard fait un accident, personne ne peut payer pour les dommages. Même s’il serait notre client, nous avons des règles à suivre, nous ne pouvons pas indemniser plus d’une personne. Nous l’avons toujours dit que ceux qui le font exposent la vie des personnes innocentes. Je ne comprends pas les parents qui acceptent que leurs enfants soient déplacés de cette manière », les a-t-il mis en garde.
Ce gérant indique en outre qu’ils ont maintes fois alerté la police mais que cette pratique, au lieu de diminuer, devient comme une habitude.
« La police sait que c’est illégal mais je ne comprends pas pourquoi ces motards ne sont pas arrêtés et leurs motos confisquées. La grande majorité n’ont ni un permis de conduire ni une carte d’assurance », a-t-il déploré.
Ils jouent au chat et à la souris avec la police
Pour la police, ces motards sont des irréductibles. Hormis la police routière qui les arrête chaque fois, la police de la protection civile leur explique souvent que la vie de ces enfants est en danger mais ils répètent les mêmes erreurs.
« Ce qui reste, c’est de les empêcher de travailler car quoiqu’ on fasse ils passent entre les mailles de filet tendues par nos hommes. Nos agents se gardent de les capturer quand les enfants sont déjà montés sur leurs motos de peur de causer un accident mais nous trouverons d’autres moyens pour les dissuader à ne pas enfreindre la loi », a déclaré OPP1 Daniel Nankwahafi coordinateur provincial de police de la protection civile à Gitega sans pour autant préciser de quelle manière ils vont procéder pour les empêcher de faire cette sale besogne.
Il faut noter que ce transport des enfants continue d’être la source des dangers publics dans la mesure où c’est le principal moyen pour déplacer des écoliers dans la ville de Gitega. Un seul bus scolaire qui existe est celui de l’Office de Transport en Commun (OTRACO), mais ce dernier coute très cher pour les personnes à revenu moyen.
Jean Noël Manirakiza