jui
30
2022

« Les administratifs à la base doivent prendre en main la question des irréguliers qui entrent en Tanzanie »

La problématique des travailleurs saisonniers irréguliers, la question des réfugiés, la construction des locaux propres à la mission consulaire de Kigoma sont, entre autres, les sujets sur lesquels Iwacu, de passage à Kigoma en République unie de Tanzanie, s’est entretenu avec Jérémie Kekenwa, Consul général du Burundi à Kigoma.

A quand date la création du Consulat général du Burundi à Kigoma ?
Selon les archives du consulat, la première signature d’un consul général date de 1983. Nous pouvons dire que le Consulat général du Burundi à Kigoma a été créé à cette année.

Pourquoi la création de cette mission consulaire ?
Cela est dû à une présence d’une grande communauté de Burundais dans la région.

Quels services offre exactement le Consulat général de Kigoma?

Nous traitons les questions en rapport avec la protection des Burundais qui vivent dans la région de Kigoma. Nous les assistons en ce qui concerne des problèmes administratifs. On s’occupe aussi des questions économiques. Comme nous sommes à la frontière, il y a des échanges commerciaux qui s’établissent. Il y a des Burundais qui se sont établis ici et qui font des affaires. Il y a aussi des Burundais qui sont à l’intérieur du pays et qui font des échanges avec des Tanzaniens de Kigoma.

Quid des questions administratives ?

On peut citer les documents de voyage que nous délivrons dans le cadre du bon voisinage (Ujirani Mwema). Par exemple, les laissez-passer pour ceux qui veulent retourner au Burundi parce qu’entre la région de Kigoma et les provinces burundaises frontalières, il y a eu un mémorandum d’entente. Il est stipulé que les Burundais originaires des provinces Makamba, Rutana, Ruyigi, Cankuzo, Muyinga et Rumonge peuvent traverser et venir dans la région de Kigoma sur simple présentation d’un billet qui est donné au bureau de l’immigration à la frontière du Burundi. Il arrive qu’il y ait des Burundais établis ici qui voudraient aller au pays. Au consulat, nous leur délivrons ces laissez-passer qui leur permettent de voyager sans problème.

Combien coûte ces laissez-passer ?
Ce sont des documents qui sont donnés gracieusement.

Quels sont les défis auxquels vous faites face ?

Nous rencontrons beaucoup de défis liés à la présence de beaucoup de Burundais qui vivent à Kigoma. Le défi le plus important est celui du non-respect de la loi qui régit l’immigration. Beaucoup de Burundais traversent la frontière sans se munir des pièces nécessaires pour entrer sur le territoire tanzanien. Lorsqu’ils sont arrêtés par les agents de l’immigration, ils se rabattent sur nous pour demander assistance.

Comment alors vous collaborez avec les autorités tanzaniennes?

Nous collaborons très bien avec les autorités tanzaniennes. Nous sommes satisfaits. Lorsqu’ils appréhendent les gens en situation irrégulière, les agents de l’immigration nous comprennent. Au lieu d’appliquer rigoureusement la loi tanzanienne qui dit qu’une personne qui enfreint la loi sur l’immigration est punie d’une année de servitude pénale ou d’une amande de 500 mille shillings tanzaniens. Lorsque nous sommes informés de cas pareils, nous les approchons et ils les relâchent avec la condition qu’ils retournent au Burundi.

Est-ce qu’ils sont nombreux ces cas ?

Ils sont nombreux. C’est ce qui fait que les autorités en charge de l’immigration se plaignent car elles constatent que la plupart de Burundais qui entrent n’ont pas de documents de voyage. Ils viennent ici, ils s’installent sans documents. La faute n’est pas du côté de la Tanzanie, mais plutôt du côté de ces irréguliers burundais. Par semaine, nous avons une moyenne de 60 à 70 personnes à assister.

Que conseillez-vous aux Burundais ?

De respecter la loi tanzanienne en matière d’immigration. Dans le cadre d’Ujirani Mwema, en particulier pour les habitants des provinces frontalières de la Tanzanie, vous n’avez qu’à demander le laissez-passer Ujirani Mwema et il est reconnu en Tanzanie. Mais malheureusement, il y a des gens qui ne prennent pas cette précaution.

Quel est le profil des gens arrêtés ?

Les gens appréhendés sont souvent des jeunes entre 17 ans et 20 ans. La plupart sont ceux qui n’ont pas pu continuer leurs études. Alors, ils viennent dans les villages pour chercher du travail. Le gros de ces jeunes est dans le secteur agro-pastoral. Il faut remarquer que cela serait une opportunité pour ces provinces-là si cette question était bien gérée.

Les utilisateurs du laissez-passer Ujirani Mwema se lamentent que la durée de séjour accordée de 15 jours est courte.

Ils ont tort et raison à la fois. Lorsque le laissez-passer Ujirani Mwema a été instauré, c’était juste pour permettre les visites familiales. Je pense que 15 jours sont suffisants pour rendre visite à une parenté.
Toutefois, il y a ceux qui l’utilisent pour certaines activités rémunératrices en travaillant dans l’agriculture et l’élevage. Pour ces derniers, deux semaines ne sont pas suffisantes.

Pourquoi ne pas plaider pour eux ?

Il faudrait d’abord que ce mémorandum d’entente soit respecté. S’il était respecté, nous verrions une très bonne volonté au niveau des autorités tanzaniennes d’allonger la validité de ce document.

Au mois de décembre 2021 dans la réunion d’Ujirani Mwema qui s’est tenue en province Makamba entre les autorités administratives des provinces frontalières avec la Tanzanie et celles de Kigoma, il a été convenu qu’on va étendre la validité de ce document à 3 mois. Vous comprenez que c’est la mise en vigueur de cette décision qui reste peut-être un peu difficile.

Pourquoi alors ?

Aujourd’hui, le délai de 15 jours n’est pas respecté. La balle se trouve dans notre camp. Il faudrait que les autorités administratives au niveau de ces provinces frontalières prennent les choses en main. Je dirais même les autorités de la plupart des provinces du Burundi parce qu’il y a des travailleurs saisonniers qui viennent de Karusi, Gitega, Ngozi… qui sont appréhendés sans possession de documents.

Si cette question était vraiment intériorisée, il y a moyen que ce document profite économiquement aux gens originaires de ces régions. Lorsqu’ils n’ont pas ce document, la plupart du temps, ils rentrent sans aucun sou. Car quand ils sont appréhendés, on les renvoie manu militari. Ce qui est tout à fait normal.
Au niveau de la province, commune et colline, les autorités administratives doivent sensibiliser les gens afin qu’ils traversent avec des documents.

Kigoma abrite deux camps de réfugiés burundais à savoir Nduta et Nyarugusu. Certains Burundais sont réticents à rentrer dans leur patrie. Un message ?

Ils sont toujours des Burundais. Qu’ils continuent à se sentir Burundais. Ils ne sont pas exclus à cause des circonstances qui les ont poussés à quitter leur pays. Ils sont des fils et filles du pays que nous sommes appelés à encourager à rentrer. Ces jours-ci, le mouvement de retour a diminué. Ce n’est pas nous qui le gérons, c’est le HCR.

Accompagnés par les responsables de la direction tanzanienne chargée des réfugiés, nous sommes allés leur rendre visite pour les informer sur la situation réelle du pays. Nous nous sommes entretenus avec eux et nous avons compris qu’il y a certaines personnes, parmi les réfugiés, qui les découragent. Nous leur avons fait comprendre qu’ils ont intérêt à regagner leur mère-patrie car la vie dans les camps n’est pas viable. Surtout en tenant compte qu’il y a des enfants et des jeunes dont l’avenir n’est pas assuré.

Le consulat général du Burundi à Kigoma loue actuellement ses bureaux. Avez-vous l’intention de construire vos propres locaux ?

C’est une question qui a été prise en compte par Reta Mvyeyi, Reta Nkozi (l’Etat responsable et laborieux). Le gouvernement a prévu la construction d’un bureau propre à la mission consulaire à Kigoma. C’est déjà prévu au niveau du budget 2022-2023. Nous avons déjà signé un contrat avec un entrepreneur. Ce dernier a déjà commencé les travaux préparatoires. D’ici une année, les bâtiments seront achevés. Ce sont deux bâtiments séparés de 3 niveaux érigés sur 16 ares. Un servira de chancellerie et l’autre bâtiment servira comme appartements. Le coût du projet s’élève à 2 milliards de shillings tanzaniens.
https://www.iwacu-burundi.org/les-administratifs-a-la-base-doivent-prend...

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