Les coopératives collinaires face aux multiples défis
38 % des coopératives collinaires n’ont pas utilisé efficacement le capital de 10 millions alloué par le Fonds national d’investissement communal (FONIC). Ce dernier accuse les administratifs de s’ingérer dans la gestion interne des coopératives.
Depuis 2019, le gouvernement du Burundi finance chaque coopérative collinaire à hauteur de 10 millions BIF par an. Dans l’exercice budgétaire 2020-2021, 2.909 sur 2.911 coopératives collinaires ont chacune reçu les 10 millions BIF.
D’après le rapport du FONIC, seuls 62% d’elles ont encore un capital supérieur ou égal à 10 millions de francs. 30% ont un capital variant entre 5 et 10 millions. Et 8% en ont moins de 5 millions BIF.
« Il y a eu des mésententes entre certains communes et les coopératives collinaires sur la gestion des fonds », déplore Servelien Nitunga, directeur général du FONIC lors de la présentation du rapport sur l’évaluation des coopératives collinaires ce 17 août 2021.
Il ajoute que dans quelques communes, l’administration s’ingère dans la gestion des coopératives. « Nous avons reçu les plaintes des coopératives qui s’indignent contre l’ingérence de l’administration. Il y a des administratifs qui imposent les coopératives des projets à initier. Cela perturbe leur gestion ».
D’après lui, les coopératives collinaires investissent exclusivement dans le secteur agropastoral. Il regrette qu’ils fassent face aux épidémies qui déciment leurs bétails ou des maladies qui affectent les plantes.
Selon le directeur général du FONIC, la plupart des coopératives qui ont échoué dans la gestion des fonds ont des leaders incompétents.
Il recommande entre autres l’encadrement et le suivi des coopératives collinaires. « Le FONIC va aider les coopératives en faillite dans l’élaboration des plans d’affaires ».
Et d’appeler tous les intervenants dans le secteur à s’investir davantage dans le développement des coopératives pour un relèvement communautaire effectif.
Des recommandations
Selon Boniface Banyiyezako, gouverneur de la province Cankuzo, les coopératives collinaires devraient être assurées. « Compte tenu des aléas climatiques qui peuvent surgir, il faut que ces coopératives soient assurées pour qu’ils aient accès aux indemnités en cas de perte », propose-t-il.
Le gouverneur de la province Muyinga, Jean-Claude Barutwanayo suggère que l’encadrement des coopératives collinaires soient renforcés au niveau de l’administration communale. Pour lui, il faut qu’il y ait un conseiller dans chaque commune chargée exclusivement de suivi du fonctionnement des coopératives.
Un autre intervenant a émis des doutes quant au bilan de ces coopératives collinaires : « Il y a d’autres organisations qui interviennent dans le secteur agro-pastoral et donnent par exemple du bétail aux coopératives. Je doute que certaines coopératives n’ont pas séparé le rendement des 10 millions du FONIC des aides venues d’ailleurs ». Elle demande au FONIC d’être vigilant dans l’évaluation des coopératives collinaires.
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