mai
16
2019

Les dirigeants militaires soudanais suspendent les négociations avec les civils pendant 72 heures

Les pourparlers entre l'armée et les civils ont été suspendus ce jeudi pour 72 heures, ont annoncé les généraux au pouvoir. Un délai qu'ils justifient par la dégradation des conditions de sécurité à Khartoum, où six personnes sont mortes lundi.

« Nous avons décidé de suspendre les discussions pendant 72 heures pour préparer le terrain » à la conclusion d’un accord sur la transition, a déclaré le chef du Conseil militaire, le général Abdel Fattah al-Burhane, dans un discours à la nation retransmis par la télévision publique jeudi avant l’aube. Le Conseil militaire et les chefs de la contestation étaient censés plancher mercredi soir sur la composition d’un Conseil souverain, institution clé de la période de transition, fixée à trois ans, après avoir progressé sur la formation d’une assemblée législative.

Le dirigeant de ce Conseil, qui avait évincé le 11 avril le président Omar el-Béchir, n’a pas totalement fermé la porte aux négociations sur un transfert du pouvoir aux civils mais il a mis la pression sur les chefs de la contestations pour qu’ils contrôlent mieux leurs troupes.

Il a souhaité pendant la période de 72 heures une levée des barricades à Khartoum, la réouverture d’une ligne de chemin de fer reliant la capitale au reste du pays qui a été fermée, selon lui, par les manifestants et la fin de leurs « provocations » à l’égard des forces de l’ordre.

Selon lui, la dégradation de la situation de la sécurité à Khartoum a pris la forme d’«une escalade verbale » contre les forces armées, de la fermeture de ponts et de rues, d’une ligne de chemin de fer, de désordres dans la ville et de l’« infiltration parmi les manifestants d’éléments armés responsables de tirs contre les forces de l’ordre ».

« Le Conseil militaire a suspendu les discussions et demandé de démanteler les barrages dans certaines parties de la capitale », a déclaré Rachid al-Sayed, porte-parole de l’ALC. « Ce Conseil nous a dit que les manifestants doivent démanteler les barricades et réintégrer le principal sit-in » où les manifestants campent depuis le 6 avril, a-t-il précisé.

Lundi, après les premières violences autour des barricades qui ont fait six morts, le Conseil militaire a estimé « inacceptable » l’érection de barrages en affirmant qu’ils créaient le chaos dans la capitale.

A la suite des violences de mercredi, l’Association des professionnels soudanais (SPA), un pilier de la contestation, a appelé à la mobilisation en demandant, dans un communiqué, aux Soudanais de montrer leur « soutien aux manifestants », en les rejoignant dans leur sit-in devant le QG de l’armée dans la capitale soudanaise.

Elle a en même temps exhorté les manifestants à « garder le caractère pacifique de leur mouvement et à éviter tout affrontement ».

« Le cabinet aura les pleins pouvoirs et sera formé par l’ALC », a-t-il déclaré, ajoutant que l’alliance pourrait faire appel à des technocrates. « Seuls les ministères de la Défense et de l’Intérieur iront aux militaires ».

M. Youssef a insisté sur la nécessité d’avoir un Conseil souverain composé essentiellement de civils, alors que les généraux souhaitent qu’il soit dominé par les militaires.

Par RFI

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