aoû
28
2018

Les jeunes avocats dans un océan de défis

Les jeunes avocats font face à beaucoup de défis dans l’exercice de leur métier. Ce sont entre autres leur compétence insuffisante, la réputation qui n’est pas au top, leur insertion dans les organes de leurs barreaux, le contexte économique…   Malgré cela, Ils sont appelés à être plus compétitifs dans le strict respect des règles professionnelles.

Depuis 2005 jusqu’à ce jour, il s’observe beaucoup de jeunes avocats qui se lancent dans ce métier, indique Me Salvator Kiyuku, bâtonnier du barreau de Bujumbura. Ils croyaient qu’ils allaient gagner beaucoup plus que dans la magistrature. De plus, l’entrée à la magistrature est actuellement un casse-tête.  Il n’y a pas aussi d’autres débouchés. Par contre, il suffit d’avoir une licence en droit pour exercer le métier d’avocat. Pour toutes ces  raisons, on arrive à 642 avocats au barreau de Bujumbura et plus de 250 avocats au barreau de Gitega. Ce chiffre est allé crescendo depuis 2010 à ce jour.  Selon Me Kiyuku, plus de deux tiers sont de jeunes avocats  qui viennent de terminer à peine l’université. D’autres ont  auparavant travaillé dans les institutions publiques et privées.

Ou réside le problème ?

Malheureusement, les jeunes avocats sont confrontés à beaucoup de défis dans l’exercice de leur métier. Me Kiyuku fait savoir que ce qui importe dans le métier d’avocat est la réputation. On vient vers tel avocat parce qu’on le connait et qu’on sait qu’il va vous rendre un service de qualité qui vous décharge de toutes vos peines. Selon lui, beaucoup de jeunes avocats ne disposent pas de toutes ces qualités parce qu’ils n’ont pas d’expérience dans ce métier. Ils n’ont jamais été vus par personne sur scène. Ils ne sont pas connus par les justiciables qui ont besoin d’accéder à la justice pour être rétablis dans leurs droits. C’est là où réside le problème, martèle-t-il. Par conséquent, ils manquent de clients. Si on n’a pas de clients, on ne trouve pas les moyens pour survivre, pour donner des cotisations aux barreaux, pour se payer la documentation et louer les cabinets. Un avocat mal installé n’inspire pas confiance. Lorsqu’on le trouve derrière une table nue et assis sur un banc, les clients doutent de lui et de la qualité du service qu’il offre.

Leurs compétences sont insuffisantes

Un autre grand défi auquel font face les jeunes avocats est lié à l’insuffisance des compétences.  Me Kiyuku fait remarquer que la formation universitaire ne suffit pas. Il faut une formation pratique qui génère des compétences après un certain temps. Les jeunes avocats se limitent au niveau académique. De plus, il précise qu’ils sont pressés de s’enrichir. En principe, pour s’enrichir, il faut d’abord travailler, acquérir des connaissances et le mériter. Ils veulent sauter toutes ces étapes et s’enrichir le plus rapidement possible alors que les compétences ne sont pas suffisantes, s’inquiète-t-il. C’est pourquoi il s’observe ici et là certains jeunes avocats qui dérapent et qui vont à l’encontre des règles professionnelles, se lamente Me Kiyuku.

Que fait le barreau?

Pour élever la compétence des jeunes avocats, il y a des formations qui sont organisées régulièrement par le barreau. Ce sont entre autres celles en rapport avec le droit en général et les règles professionnelles en particulier. Selon Me kiyuku, plus de la moitié du budget du barreau est consacrée à ces formations. Le barreau noue aussi des partenariats avec l’«Avocat sans Frontière» et le PNUD pour plus de renforcement des capacités des jeunes avocats. De surcroît, chaque avocat stagiaire a un maître de stage qui le suit dès le début de son stage jusqu’à la fin. Après son stage, il produit un rapport de stage. S’il est favorable, il passe un test pour passer du petit tableau au grand tableau. S’il réussit, il va au grand tableau. S’il échoue, on lui accorde encore une fois un délai supplémentaire d’une année pour se préparer davantage au grand tableau.

Selon Me Kiyuku, les maîtres de stage sont recommandés d’exiger à leurs stagiaires de participer au procès pour qu’ils puissent s’améliorer. Les jeunes avocats sont aussi demandés d’accompagner leurs maîtres de stage pour qu’ils s’imprègnent des techniques de plaidoirie, des règles professionnelles et du droit en général.

Pour ceux qui ne parviennent pas à avoir un montant de 25 000 FBu par mois exigé  pour s’acquitter de leurs cotisations mensuelles au barreau, il certifie qu’on leur donne des dossiers qui leur sont soumis via l’aide légale. Celle-ci dépanne beaucoup les avocats. Nonobstant, ce n’est pas pour tout le monde, car ils doivent passer un concours pour qu’ils puissent accéder à ces dossiers.

Quand le contexte économique ajoute le drame au drame

Me Diane Karwiza, représentante des jeunes avocats du Burundi à la Conférence Internationale  de la Fédération Africaine Unie des Jeunes Avocats affirment que beaucoup de jeunes avocats ne savent pas comment  préparer les moyens de défense et présenter les conclusions. De plus, le contexte économique ajoute le drame au drame. Les avocats travaillent avec les opérateurs économiques. Lorsque l’environnement des affaires n’est pas reluisant et que ces opérateurs économiques travaillent à perte, les avocats en pâtissent, car les contrats sont résiliés. Selon toujours elle, la loi n’autorise pas les avocats Burundais à exercer le métier d’avocat dans les autres pays. On doit d’abord demander la permission.

Les jeunes avocats sous-représentés dans les organes de leurs barreaux

Me Daniel Blaise, représentant des jeunes avocats du Cameroun évoque le problème de l’insertion des jeunes avocats dans les organes de leurs barreaux. Sur 15 membres du conseil de l’ordre des avocats du Cameroun, il  n’y a aucun élément qui représente les jeunes avocats. Pourtant 80% des avocats au Cameroun sont des jeunes. Lorsque le conseil se réunit et qu’il n’y a personne qui lève le doigt pour mettre au podium leurs doléances, leurs intérêts restent encore menacés. Nonobstant, on a l’impression que les intérêts des jeunes avocats s’opposent à ceux des moins jeunes (les plus anciens). Pourtant, ils sont tous des avocats. Ils ont prêté tous le même serment et exercent le même métier. Ils ne connaissent peut- être pas les mêmes succès ou les mêmes problèmes. Par contre, ils se basent sur les mêmes valeurs pour exercer le métier.

Signalons qu’est le jeune avocat, tout avocat qui a moins de quinze ans dans le métier.

burundi-eco.com

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