Lettre à Museveni vs Epître à Nkurunziza
Le porte-parole du chef de l’Etat burundais est revenu, samedi 15 décembre, sur les échanges par voie épistolaire entre le président Nkurunziza et son homologue ougandais. Il parle de fuite et la condamne.
«Les lettres officielles échangées entre le chef de l’Etat, Pierre Nkurunziza et son homologue ougandais, Yoweri Museveni, sont incontestables. Mais c’est la façon dont ces dernières ont été rendues publiques, qui pose problème», a tenu à préciser Jean-Claude Karerwa Ndenzako, porte-parole du président Pierre Nkurunziza.
Un brin d’humour, même si le sujet ne s’y prête pas : «Je suis croyant et je dis toujours à ces prédicateurs qui nous lisent des Epîtres des Apôtres dans les églises que ces actes sont préjudiciables. Mais je ne sais pas si la loi finira par punir ceux qui lisent les Lettres de Saint-Paul aux Corinthiens ou aux autres».
Pour ce qui est de ces correspondances entre chefs d’Etat, qui fuitent avant même d’arriver à destination, dénonce-t-il, nous sommes en train de mener des enquêtes parce qu’il s’agit d’un délit.
Il rappelle l’usage en la matière : « Une correspondance envoyée à un chef d’Etat n’a d’autre destinataire que ce dernier. Libre à lui de répondre ou de désigner une équipe pour définir les modalités de réponse».
Au vu de ce qui s’est passé, insiste-t-il, il est clair qu’il y a eu des fuites préjudiciables de haut niveau, dépassant l’entendement en matière de secrets d’Etat. «Certains pays ont mis sur pied des lois pour lutter contre ce genre de cybercriminalité».
Mais le porte-parole du président Nkurunziza reconnaît l’authenticité des deux correspondances et souligne leur caractère indubitable : « Il ne s’agit pas d’un acte d’usurpation d’identité d’un pirate qui s’est mis dans la peau du président pour envoyer une lettre à son homologue. Non, ce sont bel et bien des correspondances officielles échangées entre chefs de l’Etat.»
« Le chef de l’Etat ne s’est jamais retrouvé décontenancé… »
Il relève le fait que «le président de la République du Burundi n’était pas dépassé par les événements quand il a rédigé cette lettre au chef de l’Etat ougandais ». Même pour la correspondance de ce dernier, soutient-il, il n’y a rien de décontenançant.
En outre, ce responsable de la communication présidentielle vante la forme de la missive présidentielle : « La lettre écrite par notre chef de l’Etat était une belle lettre, ceux qui l’ont lue l’attestent.» Il y avait la vérité sur le Burundi, souligne-t-il, toute la vérité sur ses relations avec les pays de la région a été dite.
La vérité, fait-il remarquer, c’est une arme à double tranchant : elle peut faire du bien quand elle vous couvre ou mal quand elle met à nu certains desseins. « C’est ce que nous avons constaté, le président ougandais a mal interprété le contenu de la lettre de son homologue».
Quand les écrits vont droit au cœur, observe-t-il, cela signifie que la mission a été bien accomplie. Du reste, il assure qu’ils ne vont pas continuer à échanger des correspondances.
Ils ont d’autres moyens comme des sommets, le téléphone, des entrevues, l’envoi d’émissaires. Et de réitérer son démenti : « Le chef de l’Etat ne s’est jamais retrouvé décontenancé, suite à cette correspondance du président ougandais. »
M. Ndezako fait savoir que le président Nkurunziza ne s’est même pas encore exprimé sur cette lettre de son homologue. «C’est possible qu’il n’y ait pas nécessité d’y donner une suite, seules les actions comptent».
Quant à ce sommet prévu pour le 27 décembre, le gouvernement burundais sera représenté de même que ses intérêts. « Il n’y a aucun mal si le chef de l’Etat en personne ne se présente pas à ce sommet. Mais s’il juge que sa présence est primordiale, il prendra part à ce sommet ».