jui
12
2018

L’inexistence d’une société de réassurance, Un manque à gagner pour l’économie burundaise

Considérées comme des investisseurs institutionnels, les sociétés d’assurance jouent un rôle important dans le fonctionnement de l’économie. Mais leur incapacité à couvrir les grands risques fait qu’elles doivent céder une partie des primes aux sociétés de réassurance qui n’ont pas encore vu le jour dans notre pays. Un manque à gagner énorme.

La réassurance assume divers rôles importants dans l’économie : assureur en dernier ressort, elle fournit aux assureurs primaires la liquidité nécessaire à l’indemnisation des sinistres de gravité exceptionnelle et mutualise la couverture des grands risques. Elle apporte la capacité nécessaire et réduit le coût actuariel de la couverture des risques  de gravité (des risques énormes). Elle contribue ainsi au développement de l’assurance primaire dans les économies émergentes, tant en assurances de dommages qu’en assurances de personnes.

Elle promeut, par conséquent, l’efficacité économique, en substituant les financements de marché à l’implication des finances publiques. Bien qu’elle dispose d’un atout, elle présente aussi des inconvénients.

Qu’est-ce qu’une réassurance ?

Alain Fernand Nkengurutse, chef de cellule Contrôles des statistiques et des analyses économiques à l’ARCA (Agence de Régulation et de Contrôle des assurances) et enseignant à l’université nous en parle : «  La réassurance est une opération par laquelle une société d’assurance cède à une autre société la charge d’une partie  des risques qu’elle prend en charge, en contrepartie d’une prime de réassurance que verse l’assureur au réassureur et d’une commission de réassurance que l’assureur reçoit du réassureur. La réassurance est une assurance de l’assureur ni plus ni moins, sans toutefois qu’il soit juridiquement protégé au même titre qu’un assuré ordinaire. Il nous explique qu’en fait, actuellement dire qu’au Burundi, il y a des sociétés de réassurance relève d’un abus de langage car il n’y a aucune société d’assurance  à laquelle l’ARCA a  donné  à la fois l’autorisation d’assurer et de réassurer.

Mais il ajoute qu’à l’ARCA, on conseille à chaque société d’assurance de se réassurer même pour le petit risque.

Une fuite des capitaux consécutive les souscriptions de réassurance

L’inexistence d’une société de réassurance a de diverses conséquences, dont la  fuite des capitaux. Le client paie les primes en  monnaie locale (BIF) mais l’assureur se réassure en devises. Ce qui contribue à un manque ou une cherté des devises. C’est pour cela  que la loi régissant les assurances interdit aux sociétés d’assurance de céder plus de 65% des primes reçues aux sociétés de réassurance pour les obliger à jouer pleinement leur rôle et aussi à envoyer  une petite partie des capitaux à l’étranger  pour réassurer certains risques.

Dans d’autres pays, on inspecte les sociétés de réassurance auxquelles les sociétés d’assurance locales cèdent les primes pour voir si elles possèdent un capital consistant pour ne pas courir un risque de non indemnisation des victimes en cas de survenance d’un sinistre. Nkengurutse explique qu’au niveau de la Communauté Est Africaine, un règlement  est en train d’être initié  selon lequel  la société de réassurance à laquelle  nos sociétés d’assurance vont céder des primes devra être choisi suivant la cotation sur le marché boursier ou maison de cotation.

Un ballon d’essai pour pallier à ce défi

Certes, l’inexistence d’une société de réassurance fait que le pays perd beaucoup de devises. Mr Nkengurutse déplore qu’il y ait des sociétés qui peuvent même céder plus de 60% des primes reçus aux réassureurs. Cependant dire que le Burundi peut créer sa propre société de réassurance, exigerait des moyens techniques et financiers gigantesques qui dans l’immédiat  risquent de peser lourd pour le pays.

Néanmoins, pour réduire cela, l’ARCA a introduit un règlement sur la coassurance. Mr Nkengurutse nous en dit long : «  La coassurance est un peu comme la réassurance mais c’est une autre pratique qui se fait entre sociétés d’assurance elles-mêmes. La loi régissant les sociétés d’assurance au Burundi interdit de se réassurer directement à l’étranger.

Avant de céder les primes aux réassureurs qui se trouvent à l’étranger, on oblige les sociétés locales d’assurance à partager le risque ». Mais cet acteur du secteur des assurances ajoute que cette pratique a aussi des limites parce qu’il y a des risques qui restent énorme malgré la coalition. Donc en l’absence d’une société de réassurance, on fait actuellement recours à la coassurance afin de réduire, dans la mesure du possible, le taux de cession des primes à l’étranger.

Une autre solution proposée par Mr Nkengurutse est que l’Etat pourrait motiver une société de réassurance étrangère pour venir ouvrir une branche  au Burundi en lui accordant des avantages notamment une exonération sur le impôt ou l’instauration d’une réassurance obligatoire au profit de ce réassureur installé au Burundi. Le problème de fuite des capitaux sera ainsi résolu puisque l’assureur local pourra payer sa réassurance en BIF.

burundi-eco.com

 

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