« L’intimidation reste un instrument de domination»
D’après certains jeunes, l’intimidation, surtout en période électorale peut-être un facteur de déstabilisation de la société et conduire à des violences de masse.
Violence physique, rumeurs, menace, isolement de la personne ou dans le cyberespace, etc. Ce sont quelques exemples des différentes formes que peut prendre l’intimidation, selon les témoignages des jeunes. Ils expliquent que l’intimidation n’est pas nécessairement de nature criminelle. « Au contraire, elle peut blesser profondément les personnes qui en sont victimes ».
M.P. garde un souvenir amer de 2015. Habitant un quartier du nord de la ville de Bujumbura, il a été contraint d’intégrer un parti politique. « Comme il présentait des projets fantaisistes, j’ai refusé. Par après, j’ai été flagellé à maintes reprises. Ma famille qui n’appartient à aucun parti politique vivait dans la panique. Nous avons failli nous exiler», raconte-t-il, non sans peine.
Pour Divine Ininahazwe, étudiante en master de socio-anthropologie à l’Université du Burundi, l’intimidation reste un instrument de domination dans les pays dont le niveau de démocratie est encore bas. « Par manque de terrain d’entente, la tolérance cède la place à la violence. Le droit d’expression, d’opinion et d’appartenance sont bafoués».
Cette étudiante déplore que le contenu des messages d’intimidation soit devenu viral sur les réseaux sociaux. « Les partisans des partis politiques se lancent des injures contenant des menaces. Les adversaires politiques se considèrent comme des ennemis.»
Comme déjà observé dans le passé, poursuit-elle, les membres d’un groupe intimidés sont frustrés, à la longue, ils sont sur la défensive. « Le dénouement devient malheureux. C’est la violence de masse qui s’abat sur le pays. Nous vivons alors ses conséquences néfastes».
Des conséquences en cascade
Blaise Iserimana abonde dans le même sens. Il considère qu’en période électorale, les actes d’intimidation deviennent monnaie courante. Le but ultime, analyse-t-il, est de gagner l’électorat par la terreur. « Les adversaires sont même tabassés et menacés de mort. Mon ami a reçu un message proférant des menaces sur le réseau social Facebook. Il s’est exilé, depuis ».
Les conséquences sont fâcheuses. Les membres indexés peuvent se coaliser pour préparer la riposte. Il s’ensuit une violence de masse et des pertes de vies humaines.
Christophe Niyongendako, lui, juge que les pratiques d’intimidation n’ont pas de place dans la démocratie. « L’objectif pour les auteurs d’intimidation, c’est d’arriver à leurs fins avec facilité. Mais la compétition doit être franche».
Pour une réussite des échéances électorales de 2020, ces jeunes convergent sur l’importance du respect de l’autre. « Ne pas considérer un adversaire politique comme un ennemi». Permettre à chacun, recommande M .Niyongendako, de défendre son projet de société d’une façon honnête pour l’intérêt général.
Ces jeunes insistent sur la nécessité de faire recours à la justice pour les victimes de ces agissements : « Peu importe la situation, il est important d’agir, malgré la peur que l’on peut ressentir. Et de s’assurer que notre sécurité et celles des autres n’est pas menacées.»