L'Ouganda se dit prêt à offrir l'asile pour le leader déchu du Soudan, Bashir
L’Ouganda envisagera d’offrir l’asile au dirigeant soudanais déchu, Omar al-Bashir, en dépit de son inculpation par la Cour pénale internationale (CPI), a annoncé mercredi un ministre des Affaires étrangères.
«L’Ouganda ne s’excuserait pas du tout pour avoir examiné une demande de Bashir», a déclaré à Reuters Okello Oryem, ministre des Affaires étrangères de l’Ouganda, à Kampala.
Bashir, 75 ans, qui dirigeait le Soudan depuis 30 ans après s'être emparé du pouvoir à la suite d'un coup d'État militaire, a été renversé par l'armée la semaine dernière après des mois de manifestations dans la rue.
Bashir est sous le coup d'un mandat d'arrêt prononcé par la Cour pénale internationale pour la mort d'environ 300 000 personnes au cours d'une insurrection dans la région du Darfour, à l'ouest du Soudan, il y a plus de dix ans.
Oryem a déclaré que Bashir n'avait pas encore contacté Kampala pour un éventuel refuge, mais a ajouté qu'il n'y avait aucun mal à considérer le leader soudanais déchu comme un asile politique.
La CPI n’a fait aucun commentaire dans l’immédiat à La Haye. Les États membres de la CPI, dont l'Ouganda, sont tenus de remettre les inculpés qui entrent sur leur territoire.
Bien que Bashir soit sous le coup d'une inculpation pour génocide présumé au Darfour, le gouvernement militaire de transition à Khartoum a déclaré qu'il ne le livrerait pas et qu'il risquerait au contraire de le juger au Soudan.
Le Président ougandais, Yoweri Museveni, a par le passé critiqué la CPI, la décrivant comme un instrument de la justice occidentale à l’encontre des Africains. Il s’est alors engagé à mobiliser les pays africains pour qu’ils se retirent du traité fondateur de la Cour.
Oryem a déclaré que l'acte d'accusation de la CPI ne serait pas considéré comme un obstacle à toute demande d'asile politique présentée par Bashir en Ouganda.
Les relations entre le Soudan et l’Ouganda, où Museveni est au pouvoir depuis 1986, étaient glaciales dans les années 1990 et au début des années 2000.
L’Ouganda a accusé le Soudan dirigé par le Bashir à l’époque de soutenir l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) de Joseph Kony, alors que le Soudan alléguait que l’Ouganda offrait une assistance à un groupe rebelle anti-Khartoum, l’Armée de libération du peuple soudanais (SPLA).
La SPLA a par la suite mené le Sud-Soudan à l'indépendance depuis Khartoum, tandis que la LRA, toujours invaincue mais en sommeil, se cacherait dans un coin de jungle entre les frontières de l'Ouganda, du Sud-Soudan et de la République démocratique du Congo.
Après l’indépendance du Sud-Soudan en 2011, Museveni et Bashir se sont progressivement réconciliés et se sont depuis associés aux efforts visant à mettre fin aux combats dans le dernier pays africain.