Bruxelles - « Je ne saisis pas comment on peut faire le malheur d’un peuple, alors qu’il avait tout en main pour faire le bonheur d’un peuple. Lorsqu’il a été élu lors de son premier mandat, j’ai essayé d’aider Pierre Nkurunziza car j’avais confiance en lui. Mais très rapidement je me suis rendu compte qu’il n’écoutait plus personne, il ne gouvernait pas, il n’était pas non plus attentif au développement économique et social » du pays ». C'est ce qu'a déclaré aux micros d'IGL le député européen du Groupe Alliance des Démocrates et des Libéraux pour l'Europe (ALDE), Louis Michel. 

L'ancien ministre des Affaires étrangères du Royaume de Belgique (1999-2004) a fait part de son étonnement sur « le mysticisme un peu irrationnel et l'idée que l’on est au pouvoir par la volonté de Dieu », qui selon lui caractérisent la gestion politique du Burundi de la part du Président Nkurunziza. « Mais ce n’est pas comme cela que l’on gouverne un pays. Nous sommes maintenant dans une dérive autoritaire clairement despotique. Il est évident que lorsque l’on tire sur son peuple, que l’on tue des jeunes, que l’on laisse des milices privées faire un sale travail, nous ne sommes plus en démocratie ». 

Parfois accusée de ne pas en faire assez au Burundi, Louis Michel a voulu défendre l'action de l'Union Européenne en rappelant qu'elle est « le premier bailleur de fonds du Burundi. D'ailleurs, que serait la pauvreté dans ce pays si l’UE n’aidait pas le peuple? Dès que l’UE dit ou fait quelque chose, on lui reproche de faire de l’ingérence ou de porter atteinte à la souveraineté nationale, ce qui fait qu’elle est extrêmement réservée » et qu'« elle privilégie le dialogue ». Pour le Président de l'Assemblée Parlementaire Paritaire ACP-UE, « il n'y a pas d'alternative possible à un gouvernement d’union nationale qui respecte l’esprit et la lettre des Accords d’Arusha ».

Interview réalisée le 17 décembre 2015 à Louvain-la-Neuve à l'occasion d'une conférence-débat sur le Burundi avec Louis Michel et Marguerite Barankitse organisée par l'Université Catholique de Louvain.

Propos recueillis par Joshua Massarenti pour Infos Grands Lacs, en collaboration avec VITA/Afronline (Italie).