L’UE au chevet de la population burundaise
Les ambassadeurs des pays membres de l’Union Européenne au Burundi ont effectué une tournée en provinces pour s’enquérir des résultats des projets qu’ils financent. Des structures sanitaires améliorées, des enfants bien nourris, une production agricole qui augmente… le résultat est déjà palpable.
De Kayanza à Kirundo en passant par Ngozi… les ambassadeurs de France, d’Allemagne, de la Belgique et des Pays-Bas au Burundi avec, à la tête de la délégation, l’ambassadeur de l’UE au Burundi ont visité, du 19 au 20 novembre 2020, sept projets axés sur la santé, le développement agricole, la nutrition, la gouvernance et l’émancipation des femmes, financés à hauteur d’environ 35 millions d’euros.
Cette tournée débute dans la province Kayanza, avec la visite du projet Auxfin G50 pour l’agriculture, financé par les Pays-Bas. Un projet qui permet de vulgariser les bonnes pratiques agricoles aux agriculteurs qui y ont adhéré. Aujourd’hui, les bénéficiaires sont connectés aux marchés et peuvent vendre leurs productions via leurs tablettes. Ils affirment que la production a doublé grâce aux vidéos qu’ils utilisent pour mettre en place les pratiques agricoles résilientes.
Toujours à Kayanza, il est 11 heures au centre de santé (CDS) se trouvant au centre urbain de cette province. L’intérieur est bondé de la population de la localité, venue nombreuse pour accueillir les ambassadeurs. La plupart sont des femmes habillées en pagnes identiques. Quelques jeunes observent.
Ce CDS est bénéficiaire du projet « Twiteho amagara » (Prenons soins de la santé) de plus de 9 millions d’euros financé par l’UE.
Des acquis de ce projet, selon le médecin provincial de Kayanza, Célestin Congera : trois ambulances, des équipements médicaux, des formations de plus de 150 prestataires de soins et plusieurs jeunes formés sur la santé sexuelle et reproductive.
Billy, 21 ans, est l’un des jeunes qui suivent la formation sur la santé sexuelle à ce CDS, tous les vendredis. Il affirme que depuis qu’il suit ces séances, il ne consomme plus de stupéfiants.
De 20 à 100 kg de production agricole
De Kayanza à Ngozi… la tournée continue. C’est le tour de la commune Gashikanwa, l’une des deux communes où est exécuté le projet « Promotion de la sécurité alimentaire », financé par l’Allemagne à travers l’ONG Welt hunger hilfe et la Fondation Stamm.
Un centre semencier a été mis en place sur la colline Sigi au profit de Claude Bizimana, un cultivateur de cette colline. Depuis le projet, sa vie a changé. Grâce à l’agriculture moderne qu’il pratique désormais, il a pu agrandir son terrain agricole qui est passé de 4 à 7 hectares.
Angélique Ndacayisaba, une cultivatrice de la localité affirme que ce centre semencier est d’une grande utilité pour les agriculteurs du coin. Avant, elle n’avait pas où conserver ses récoltes. « Quand je les conservais à la maison, les récoltes pourrissaient ou mon mari les vendaient à mon insu. Mais aujourd’hui, je conserve mes récoltes dans ce hangar. »
Elle affirme que sa production a beaucoup augmenté grâce à l’utilisation des semences sélectionnées. « Avant, c’est à peine si je récoltais 20 kg de haricots. Aujourd’hui, je récolte facilement 100 kg. »
La délégation visite un autre producteur semencier de la commune Ntega de la province Kirundo, qui dispose d’un hangar à usage communautaire offert dans le cadre du projet« Tubeho Neza» financé par l’UE.
Paul Miburo multiplie les semences pour permettre à la population environnante d’accéder aux semences de qualité. Adieu le problème d’accès aux semences de qualité.
Et des femmes émancipées !
« Avant, je croyais qu’une femme ne pouvait pas prendre la parole devant les gens. Encore moins se faire élire. » Christine Sibomana, élue chef collinaire, est sans équivoque. Le mini projet « Mukenyezi urashoboye » (Femme tu es capable), financé par l’Ambassade de France au Burundi à plus de 30 mille euros, a ouvert les yeux aux femmes de la commune Gashikanwa.
Godence Nizigiyimana, est une autre bénéficiaire de ce projet dans le volet Violences basées sur le genre (VBG). Cette femme jadis maltraitée par son mari et victime de violences conjugales est aujourd’hui une maman comblée grâce aux sensibilisations qu’elle a reçue. « A chaque fois que je voulais participer dans des réunions communautaires, mon mari cachait tous mes vêtements. Le jour où j’ai appris que ce projet commence, j’ai emprunté les habits à une amie et je suis partie écouter. »
Dans le même domaine de lutte contre les VBG, un autre projet exécuté par Care internationale, a mis en place le réseau Abatangamuco qui sensibilise les couples sur la lutte contre les violences conjugales. Un groupe que la délégation rencontre dans la province Kirundo, commune Vumbi.
Un couple bénéficiaire, jadis déchirée par les violences, témoigne vivre aujourd’hui en parfaite harmonie.
La santé maternelle et infantile améliorée
Dans la province Kirundo, le programme « Tubeho neza » (meilleures conditions de vie), financé par l’UE à plus de 9 millions d’euros contribue notamment à l’amélioration de l’alimentation chez les femmes enceintes et allaitantes.
Joséphine Misago, 40 ans, est l’une des bénéficiaires de ce projet. Mère de 5 enfants, elle confie que ses enfants sont en bonne santé depuis qu’elle suit le programme. « Avant le projet, mes enfants souffraient de malnutrition. Je leur donnais une patate douce matin, midi, soir, tous les jours. Aujourd’hui, ils mangent des légumes, du haricot, du manioc… »
Enfin, la tournée s’arrêtée au Centre de santé de Kirundo, où le Programme d’appui institutionnel au secteur santé (PAISS 5), financé par le Royaume de Belgique, a construit le bâtiment du CDS et le service maternité avec des équipements adaptés (les tables d’accouchements, les lits et matelas, les tables de réanimations, etc.) Le plus costaud de tous ces projets visités, car financé à hauteur de 17 millions d’euros.
Cette visite est la 2ème de cette année, d’après l’ambassadeur de l’UE, Claude Bochu. « C’est évident que le résultat est énorme », conclue-t-il.